En cette fin de campagne électorale, les réponses des candidats aux différents questionnaires adressés par les associations se multiplient.
Le Groupe handicap moteur (1) a rendu publiques, le 11 avril, sept contributions détaillées (2). « Une fois n'est pas coutume », estime-t-il, le thème du handicap « ne souffre pas d'instrumentalisation de la part des candidats ». Les déclarations d'intention sont d'ailleurs assez convergentes... avec quelques nuances.
Le candidat Jacques Chirac, par exemple, veut « reconstruire la politique du handicap sur la base du droit à compensation ». Jean-Pierre Chevènement met plutôt l'accent sur « un modèle d'intégration qui privilégie l'accès et le soutien en milieu ordinaire ». C'est aussi le sens des « cinq engagements » concrets de Noël Mamère. Robert Hue préfère avant tout « favoriser l'autonomie », tout en reconnaissant « la grande diversité des situations et des trajectoires » et prône des politiques de « discrimination positive » pour « garantir l'égalité des chances ».
L'insertion professionnelle constitue la priorité d'Alain Madelin. En matière d'emploi, le candidat Chirac parle surtout de formation et insiste pour que la loi fixant l'obligation d'embauche soit appliquée, « mais sans instituer pour autant des contraintes supplémentaires aux entreprises », indique sa porte-parole, Roselyne Bachelot. Au contraire, pour Ségolène Royal, s'exprimant au nom du candidat Jospin, « il est temps de rentrer dans une logique de contrainte ». Ce dernier précise aussi que « le système allocatif doit être réformé [...], non comme une aide à la déficience, mais comme une aide au projet ». Avec une allocation au niveau du SMIC pour les personnes dans l'incapacité de travailler.
Au chapitre des moyens, Jacques Chirac appuie sur la nécessité de créer un « guichet unique » de proximité, et Jean-Pierre Chevènement souhaite confier l'ensemble du dossier aux départements. Christiane Taubira affirme qu'une politique ambitieuse aura besoin de crédits et d'une planification pluriannuelle. Noël Mamère est le seul à citer un chiffre, en promettant de mobiliser 8 milliards d'euros sur cinq ans pour rendre les lieux publics accessibles.
Plusieurs autres associations de personnes handicapées ayant interpellé les candidats (3) diffusent les réponses des différents QG de campagne. C'est le cas, notamment, de l'Union nationale des associations de parents et amis de personnes handicapées mentales (Unapei), qui les publie dans un « numéro spécial élections 2002 » de son bimestriel Vivre ensemble et les reproduit sur son site (4). La Fédération nationale des accidentés du travail et des handicapés met aussi en ligne 13 réponses sur ses sujets de préoccupation (5).
L'Observatoire international des prisons (OIP) (6) a, de son côté, recueilli les positions des candidats sur les droits fondamentaux des détenus, les conditions de la réinsertion, le nombre de places en prison, la longueur des peines... Tous ont donné suite, à l'exception d'Olivier Besancenot, d'Arlette Laguiller, de Corinne Lepage et de Christiane Taubira. « L'analyse des réponses révèle à la fois le consensus qui se dégage désormais autour de la reconnaissance des droits des détenus et l'incapacité persistante des principaux candidats à considérer réellement la prison comme un ultime recours », relève l'OIP. Si celui-ci salue l'évolution des discours et l'affirmation de la nécessité d'aller vers une peine d'emprisonnement respectueuse des droits fondamentaux de la personne, il regrette que les « principaux candidats se refusent à réduire la durée des peines comme à écarter l'incarcération pour certaines infractions ou catégories de personnes » et préfèrent augmenter le nombre de places. Seuls Robert Hue et Noël Mamère se prononcent explicitement pour une limitation de la longueur des peines. Ils sont également favorables, rejoints en cela par François Bayrou et Christine Boutin, à un moindre recours à l'emprisonnement. En outre, tous les quatre se déclarent hostiles à un accroissement du nombre de places en prison.
Au final, l'OIP déplore que la plupart des candidats occultent cette question majeure : « A quoi sert la prison et à quels cas doit-elle être limitée ? » « Qui peut affirmer qu'une prison offrant des conditions matérielles de détention décentes et ne dérogeant plus au droit commun serait une réponse adéquate à l'acte de démence, l'inceste, le vol d'un kilo de viande, le séjour irrégulier... ? », demande l'observatoire. Lequel reviendra dans le numéro de mai de sa revue Dedans dehors sur l'analyse de l'ensemble des réponses.
(1) C/o L'ADAPT : Tour Essor - 14, rue Scandicci - 93508 Pantin cedex - Tél. 01 48 10 12 46.
(2) Consultables sur
(3) Voir ASH n° 2252 du 1-03-02. Ajoutons qu'à son tour, l'association Handy, rare et poly interpelle les candidats en demandant une augmentation du nombre de places en institutions spécialisées et la reconnaissance d'une « situation de handicap spécifique » pour les polyhandicapés.
(4) N° 59 - Avril 2002 - Unapei : 15, rue Coysevox - 75876 Paris cedex 18 - Tél. 01 44 85 50 50 -
(5) Consultables sur
(6) OIP section française : 31, rue des Lilas - 75019 Paris - Tél. 01 44 52 87 90.