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« Entre l'éducatif et le répressif, il y a le soin »

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Les jeunes violents sont aussi des jeunes en souffrance qui renvoient à la société leurs propres angoisses. Ils ont également besoin d'être soignés, plaide Lionel Deniau, président de l'Association des instituts de rééducation (1), qui appelle à une reconnaissance des dispositifs existants et, surtout, à des réponses préventives.
Comment réagissez-vous aux débats sur l'insécurité ?

Ces débats ne nous laissent, bien sûr, pas indifférents. Il y a des jeunes qui posent des actes sur un mode délictueux et, pour eux, il faut une sanction. Mais il y en a aussi qui relèvent de la maladie mentale, et de ceux là, on ne parle pas suffisamment. Au-delà du répressif et de l'éducatif, existe la dimension du soin. Or elle est occultée. Depuis plusieurs années, nous disons au gouvernement qu'il a un outil à sa disposition - les instituts de rééducation - qui offrent justement une prise en charge axée sur le soin, ce qui peut éviter à certains jeunes les passages à l'acte et l'escalade dans la violence. Mais nous ne sommes pas entendus !

Que proposent les instituts de rééducation ?

Les instituts de rééducation ont été créés pour accueillir des jeunes de 5 à 20 ans qui ont « une intelligence normale », des potentialités intellectuelles, mais qui sont dans une telle souffrance psychique qu'ils n'arrivent pas à les utiliser. Et ils expriment cette souffrance en posant des actes « dérangeants » dans la famille ou à l'école. Ce sont des enfants qui peuvent être inhibés, mutiques, complètement isolés, manifestant des phobies scolaires, ou s'opposer aux adultes par des comportements grossiers ou des actes d'incivilité. C'est souvent à l'école qu'ils sont repérés et adressés à la commission départementale d'éducation spéciale qui les orientera éventuellement vers un institut de rééducation. Là, la prise en charge est originale : face à ces jeunes qui présentent une pathologie du lien, elle articule la dimension éducative, scolaire et thérapeutique.

Que demandez-vous ?

Actuellement 330 instituts de rééducation accueillent environ 16 000 enfants. Le problème n'est pas de créer de nouvelles places, mais, déjà, de donner de véritables moyens aux instituts existants pour pallier l'absence de psychiatres, de psychologues ou d'instituteurs spécialisés... Nous réclamons également un réel pilotage de ce secteur : comment expliquer que pour 1 000 habitants, il y ait 0,7 place en institut de rééducation en Ile-de-France contre 3,7 places en Rhône-Alpes ?

Vous réclamez également une annexe spécifique pour les instituts de rééducation…

Nous voulons que l'Etat montre clairement qu'il se préoccupe de ces enfants difficiles. Et que les instituts de rééducation soient bien repérés dans les politiques médico-sociales. C'est pourquoi nous réclamons une annexe spécifique (annexe XXXIV) au décret du 27 octobre 1989 pour les jeunes présentant des troubles de la conduite et du comportement. Aujourd'hui, ils sont traités dans les annexes XXIV relatives aux déficiences intellectuelles. Un flou qui ne facilite guère leur orientation et leur prise en charge. La direction générale de l'action sociale a accepté d'ailleurs d'étudier avec nous cette proposition au sein d'un groupe de travail.

Vous lancez aussi un cri d'alarme en direction des politiques...

Nous leur disons : plus vous voulez vous protéger des jeunes violents, plus vous risquez de développer leur agressivité. Car, pour beaucoup, c'est une défense contre des angoisses existentielles. Si nous ne prenons pas soin de ces enfants, si nous ne tenons pas un autre discours sur la jeunesse, la société va droit dans le mur ! « Les besoins de l'enfance en difficulté sont une urgence sociale », indiquait l'inspection générale des affaires sociales dans son rapport sur les instituts de rééducation (2). Pour nous, c'est un « enjeu national » qui exige une vraie politique de prévention. Et nous avons en la matière, de par notre expérience, des propositions à formuler. Propos recueillis par Isabelle Sarazin

Notes

(1)  AIRe : 17, rue Mgr-Millaux - BP 40 - 35221 Châteaubourg - Tél. 02 99 04 69 55.

(2)   « Les instituts de rééducation »  - Janvier 1999 - Voir ASH n° 2141 du 12-11-99.

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