La raison l'aura finalement emporté. Face à la nécessité de parvenir à un front commun pour se faire entendre, les employeurs de l'économie sociale auront réussi à taire leurs divergences pour arriver en ordre rangé aux élections prud'homales. « Une famille qui fonctionne bien est une famille où l'on sait se dire les choses et où l'on sait se rassembler sur les points essentiels », commente, serein, Philippe Calmette, président de l'Union des fédérations et syndicats nationaux d'employeurs sans but lucratif du secteur sanitaire, médico-social et social (Unifed).
C'est donc avec une belle unanimité que les présidents des quatre syndicats d'employeurs - le Groupement des entreprises mutuelles d'assurances (GEMA), l'Union nationale des associations de soins et services à domicile (Unassad), l'Unifed et l'Union de syndicats et groupements d'employeurs représentatifs dans l'économie sociale (Usgeres) - ont, le 5 avril, annoncé leur décision de présenter des listes communes « Employeurs de l'économie sociale » aux élections prud'homales du 11 décembre 2002 (1).
Cette démarche traduit « un engagement politique ferme de nos organismes de doter pour l'avenir l'économie sociale d'une représentativité », s'est félicité Jacques Roché, président du GEMA. « Avoir nos représentants élus au sein des conseils de prud'hommes permettra d'équilibrer, dans le collège qui nous concerne, les avis aux côtés de ceux du Medef, de la Confédération générale des petites et moyennes entreprises, de l'Union professionnelle artisanale ou de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles », s'est réjoui Philippe Calmette. Quant à Christiane Martel, présidente de l'Unassad, elle a justifié l'idée d'une représentation interprofessionnelle « afin de marquer la communauté de l'approche des relations sociales » des dirigeants de l'économie sociale, rejointe en cela par Gérard Deschryver, président de l'Usgeres, qui a insisté sur « les valeurs » qui les réunissent.
Les efforts menés depuis novembre par le Conseil des entreprises et groupements de l'économie sociale (CEGES) auprès des syndicats d'employeurs auront ainsi payé (2). Et, vu les déchirements initiaux, nul doute que cet accord mar- que un pas en avant dans la démarche de longue haleine lancée par le CEGES afin de constituer une force patronale de l'économie sociale.
Pour autant, rien n'est joué au plan des élections prud'homales qui connaissent toujours un fort taux d'abstention. Les syndicats doivent désormais faire campagne au niveau local auprès des employeurs pour qu'ils s'inscrivent sur les listes électorales avant le 29 avril, qu'ils présentent des candidats à une fonction qui prend du temps... Et, enfin, qu'ils se déplacent pour voter.
(1) GEMA (18 sociétés d'assurances mutuelles et leurs filiales) : 9, rue de Saint-Petersbourg - 75008 Paris - Tél. 01 53 04 16 00 ; Unassad (1 104 structures : associations, mutuelles, CCAS) : 108/110, rue Saint-Maur - 75011 Paris - Tél. 01 49 23 82 52 ; Unifed (Croix-Rouge française, FEHAP, FNCLCC, Snapei, Snasea, SOP, UNAF) : 7/9, rue La Boétie - 75008 Paris - Tél. 01 43 12 81 62 ; Usgeres (18 organisations dont 14 syndicats d'employeurs associatifs, coopératifs et mutualistes) : 43, bd Diderot - 75012 Paris - Tél. 01 43 41 71 72.
(2) Un premier accord avait été signé en février - Voir ASH n° 2251 du 22-02-02.