Près de 100 000 toxicomanes bénéficient aujourd'hui d'un traitement de substitution, soit environ 60 % de la population dépendante aux opiacés, dont seulement 12 000 utilisent de la méthadone (contre 80 000 de la buprénorphine commercialisée sous l'appellation Subutex). C'est encore trop peu, constate un rapport sur L'accès à la méthadone en France, remis à Bernard Kouchner, le 28 mars 2001.
Cette situation est, selon le document, en partie liée au cadre réglementaire strict qui entoure la prescription de méthadone. En effet, seuls les médecins exerçant en centre de soins spécialisés pour toxicomanes (1) et, depuis le 30 janvier (2), les médecins dans les établissements de santé, peuvent initier un tel traitement. Aussi le rapport recommande-t-il d'autoriser les généralistes à prescrire ce produit, sous réserve de la mise en place d'une procédure d'accréditation. Des comités départementaux de suivi auraient pour mission d'accréditer les médecins de ville volontaires, après validation d'un état spécifique de services en addictologie ou d'une formation continue agréée.
Le document insiste également pour inscrire, dans les missions imparties aux centres spécialisés, la participation, en concertation avec les pouvoirs publics et les autres partenaires, à la mise à disposition directe ou en réseaux des traitements de substitution pour les personnes opio-dépendantes. Ce, à l'occasion du décret à paraître sur les centres de soins, d'accompagnement et de prévention spécialisée en addictologie créés par la loi du 2 janvier 2002 rénovant l'action sociale et médico-sociale. Un souhait qui devrait être satisfait, a indiqué le ministre délégué à la santé.
Les auteurs du rapport réclament, par ailleurs, l'organisation « à court terme » d'une conférence de consensus sur les modalités des traitements de substitution associant l'ensemble des intervenants médico-psycho-sociaux. Elle aurait notamment pour objectif de définir des critères de bonnes pratiques.
Les experts se prononcent également en faveur de la création d'une « Agence nationale de recherche en addictologie », sur le modèle de l'Agence nationale de recherche sur le sida, « qui ne serait pas un organisme de plus à ajouter à la longue liste » de ceux existants, « mais un organisme supérieur et indépendant, responsable de la recherche et de l'évaluation en addictologie ».
Enfin, ils veulent voir améliorer la mise en œuvre de traitement substitutif en milieu carcéral.
(1) Ces centres ont été inscrits sous le label de centres de soins, d'accompagnement et de prévention spécialisés en addictologie depuis la loi du 2 janvier 2002 rénovant l'action sociale et médico-sociale (voir ASH n° 2253 du 8-03-02)
(2) Voir ASH n° 2253 du 8-03-02.