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Elections : les associations récapitulent leurs revendications

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A l'approche des élections présiden- tielle et législatives, les associations augmentent la pression sur les candidats. Et continuent de lister leurs propositions à travers plates-formes et manifestes (1).

Faire respecter les droits au logement et à l'asile

C'est ainsi que la Fédération nationale des associations d'accueil et de réinsertion sociale (FNARS)   (2) rend publique une « lettre ouverte » aux candidats autour de trois thèmes d'intervention.

« Plus personne à la rue dans cinq ans »  : rappellant cette « formule choc » lancée avec le collectif Alerte en novembre 2001, elle l'assume et la défend. Tout comme l'idée de couverture logement universelle. « Il ne s'agit pas de préparer une loi supplémentaire, précise-t-elle, mais de rendre effectif le droit au logement en repérant les “trous” et les failles de la couverture actuelle, d'ajuster les dispositifs en les simplifiant ou en les complétant, d'améliorer les aides au logement et surtout de décider du programme de construction-rénovation de logements (très) sociaux dont notre pays a tant besoin. »

Deuxième priorité : l'accueil des réfugiés. Il faut revenir rapidement « à des méthodes efficaces et respectueuses du droit », demande la fédération. « Le statut de réfugié doit être accordé - ou refusé - dans les six mois de l'arrivée en France », précise-t-elle. Elle réclame un accroissement des moyens sociaux d'accompagnement des demandeurs qui leur évite « la marche actuelle vers la misère et la délinquance forcée » et le rétablissement du droit au travail. Plus une accélération dans l'harmonisation des règles européennes fondée sur les engagements internationaux.

La dernière apostrophe porte sur les moyens et les budgets des « acteurs publics et privés » engagés dans la lutte contre l'exclusion. Il faut 15 000 places nouvelles en centres d'hébergement et de réinsertion sociale, soit un programme de 50 millions d'euros sur cinq ans, doublé de la même somme pour la mise à niveau des équipements existants. L'association veut également instaurer « une garantie de ressources et de moyens d'insertion accessibles à tous les jeunes en difficulté ». Elle demande enfin de nouvelles « campagnes de mobilisation et d'éducation pour lutter contres les insécurités sociales » comme les violences intra- familiales, l'alcoolisme, la prostitution et le proxénétisme... A quoi doivent s'ajouter quelques « progrès dans la réglementation », par exemple pour assouplir les contrats de travail aidé ou reprendre le projet de loi pénitentiaire et le programme de rénovation des prisons.

Améliorer l'accès aux soins

De son côté, Médecins du monde (3) interpelle les candidats autour de 12 propositions « pour améliorer concrètement la situation sanitaire des exclus en France ». L'association se prononce ainsi pour le développement des « structures professionnelles de proximité à bas seuil d'exigence, c'est-à-dire des antennes de soins fixes ou mobiles, des équipes de rue, des boutiques où les usagers peuvent accéder sans exigence préalable à un accueil, une écoute, à la prévention et aux soins adaptés à leur état, et ce, quelle que soit l'étape de leur trajectoire de vie ».

Elle demande également que les hôpitaux deviennent véritablement « des lieux de soins accessibles à tous ». Pour cela, les permanences d'accès aux soins de santé doivent être généralisées, rendues visibles pour les usagers, bien repérées par les personnels soignants, sociaux et administratifs des hôpitaux qui doivent pouvoir y orienter les patients, ouvertes à des horaires adaptés, notamment le soir et le week-end, dotées de consultations dentaires et psychologiques... « Loin de proposer une psychiatrisation de l'exclusion », Médecins du monde réclame toutefois « une prise en charge réelle de la souffrance psychique des personnes », avec un « lien réel voire institutionnel entre les professionnels de la psychiatrie, de la médecine, du travail social et de l'accueil », des « haltes de jour » aux équipes d'accueil comportant des professionnels de la psychiatrie, des centres médico-psychologiques acceptant les personnes hors secteur...

Autre axe de revendication, l'éradication du saturnisme infantile. L'association exige l'amélioration de la loi de lutte contre les exclusions dans ce domaine. Il faudrait ainsi créer l'obligation de fournir un logement adapté en urgence « dès qu'un enfant est intoxiqué ou en danger de l'être ». Et « affirmer la responsabilité pénale de toutes les institutions (protection maternelle et infantile, hôpitaux, préfectures et mairies) lorsqu'un enfant gravement intoxiqué est renvoyé vers le logement dans lequel il est intoxiqué ».

Médecins du monde réitère, de plus, son souhait d'une « couverture maladie véritablement universelle », grâce, notamment, à la suppression du double système CMU/aide médicale d'Etat. En attendant, l'application de la loi pourrait être améliorée, par la vérification de  « l'acceptation effective » par tous les professionnels de santé des bénéficiaires de ces deux dispositifs ou par « l'amélioration des compétences des accueillants des services publics chargés de l'instruction des dossiers par une formation adaptée, supprimant ainsi les nombreuses sources de discrimination liées à la méconnaissance de la loi par ceux qui sont censés l'appliquer », ou encore par la suppression de l'obligation de domiciliation, « frein à l'accès aux droits et aux soins des plus précaires ». Autres pistes : aligner le seuil de la CMU sur le seuil de pauvreté calculé par Eurostats (755  € en 2000) et donner plus d'ampleur au dispositif national d'aide à la mutualisation en l'étendant, de façon dégressive, jusqu'au niveau du SMIC. Par ailleurs, l'organisation demande que soit garanti par la loi dans chaque pays européen « un accès gratuit à des soins de qualité pour tous les résidents en dessous du seuil de pauvreté ».

Enfin, en matière de logement, une « modification profonde » des dispositifs d'hébergement est à envisager, pour une meilleure continuité dans les prises en charge, « trop souvent organisées dans l'urgence et sous la pression des associations ou d'une médiatisation hivernale ». « Le dispositif doit donc cesser d'être monolithique en proposant beaucoup de petites structures diversifiées, à bas seuil d'exigence », estime Médecins du monde.

Former les intervenants

Dans son souci de « refuser la fatalité de la misère et de l'exclusion », le mouvement ATD quart monde (4) retient pour sa part quatre propositions : outre l'institution « d'un véritable droit au logement pour tous », il souhaite « privilégier la lutte contre l'échec scolaire », en particulier par le développement des relations entre les professionnels et les familles en difficulté et l'enseignement de la diversité. Le mouvement voudrait aussi voir renforcer l'égalité des chances entre les jeunes, par le renforcement des dispositifs qui s'adressent aux plus en difficulté et par l'ouverture d'un véritable droit à un parcours qualifiant vers l'emploi. Reste à former les professionnels qui interviennent auprès des publics démunis, pour qu'ils leur permettent d'être « partenaires à part entière » des politiques qui les concernent. C'est la mesure qui donnera son sens à toutes les autres, estime ATD quart monde.

Reconnaître la place des associations

Plus généralement, la Conférence permanente des coordinations associatives (CPCA) rappelle aux candidats la charte d'engagements réciproques signée avec l'Etat en juillet 2001 et leur demande s'ils sont déterminés à les tenir. Etes-vous prêts à associer les « mouvements associatifs structurés », avec les « autres forces vives de la société civile », aux délibérations qui vont concerner « les grands choix de la nation pour son avenir »  ?, les interroge-t-elle. Confirmez-vous la place des associations « dans l'élaboration, l'application et l'évaluation des politiques publiques »  ?

Notes

(1)  Voir ASH n° 2252 du 1-03-02 et n° 2255 du 22-03-02.

(2)  FNARS : 76, rue du Faubourg-Saint-Denis - 75010 Paris - Tél. 01 48 01 82 00.

(3)  Médecins du monde : 62, rue Marcadet - 75018 Paris - Tél. 01 44 92 15 15.

(4)  ATD quart monde : 33, rue Bergère - 75009 Paris - Tél. 01 42 46 81 95.

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