Donner un coup de projecteur sur les victimes des discriminations raciales en France : tel est l'angle choisi par la Commission nationale consultative des droits de l'Homme (CNCDH) pour aborder la question de la lutte contre le racisme et la xénophobie, dans son traditionnel rapport annuel, rendu public le 21 mars (1).
Premier constat : une part importante des violences et menaces racistes et xénophobes ont semblé faire écho à l'actualité internationale (attentats du 11 septembre aux Etats-Unis, intensification du conflit israëlo-palestinien). Un phénomène qui s'est ainsi traduit par un pic entre septembre et décembre 2001.
De plus, « tout comme au cours de l'année précédente, les principales victimes du racisme ont été les juifs et les Maghrébins », note le rapport. Sur le front de l'antisémitisme, l'année 2001 aura ainsi été marquée par 29 actes de violences et 171 menaces. Des chiffres en baisse par rapport à 2000 - année où avait été atteint un sommet - mais qui demeurent plus élevés que ceux enregistrés entre 1991 et 1999. Dans le même temps, on recensait dans l'Hexagone 11 actes de violences (même niveau qu'en 2000) et 115 d'intimidation à caractère raciste et xénophobe (en nette augmentation par rapport aux trois années précédentes) contre la population d'origine maghrébine.
Petite nouveauté par rapport aux années passées, la commission a fait réaliser, pour 2001, une étude qualitative auprès d'un panel de personnes victimes de discriminations raciales (2). La grande majorité des personnes interrogées expriment ainsi leur « souffrance » mais préfèrent prendre le parti de « vivre avec » plutôt que de se révolter. En outre, « elles croient moins aux grandes mesures et aux généreux discours » qu'à « l'exemplarité » attendue de l'engagement de l'Etat, du langage des responsables politiques, de l'attitude des médias et surtout de l'école.
La CNCDH fait également l'inventaire des dispositifs de protection des victimes mis en place en France. Et note ainsi que l'appareil législatif est aujourd'hui satisfaisant, avec notamment le réaménagement de la charge de la preuve opéré par la loi de lutte contre les discriminations (3). La commission est plus réservée sur l'efficacité du groupement d'études et de lutte contre les discriminations, des commissions départementales d'accès à la citoyenneté et du numéro d'appel gratuit 114, « institutions jeunes et encore imparfaites ». La récente relance de ces dispositifs (4) devrait toutefois les amener à se renforcer progressivement.
(1) 2001. La lutte contre le racisme et la xénophobie - La Documentation française : 29/31, quai Voltaire - 75 344 Paris cedex 07 - Tél . 01 40 15 70 00 - 23 €.
(2) La CNCDH procédait auparavant chaque année à un sondage quantitatif d'opinion relatif aux attitudes des Français face à la xénophobie et au racisme.
(3) Voir ASH n° 2238 du 23-11-01.
(4) Voir ASH n° 2236 du 9-11-01.