Lionel Jospin, candidat PS, a pris, le 18 mars, dix engagements pour la France. En haut de la liste, le plein- emploi pour la fin de la décennie avec un chiffre phare : 900 000 chômeurs de moins d'ici à 2007. Outre un droit à la formation tout au long de la vie (par un compte-formation pour chaque salarié), il suggère de substituer aux aides à l'emploi existantes (à l'exception des emplois-jeunes pérennisés), un nouveau contrat de retour à l'emploi et d'élaborer un plan pour l'emploi des plus de 50 ans. Deuxième objectif, la sécurité sera assurée par un contrat national de sécurité sur cinq ans (financé par une loi de programme) et le développement de la justice de proximité. Si l'ordonnance de 1945 pose « des principes sages », elle sera adaptée « pour tenir compte d'un contexte social profondément modifié » et assortie de structures fermées pour les mineurs récidivistes. Un geste est fait aussi envers les justiciables avec la promesse de développer l'aide juridictionnelle. Le candidat veut intensifier la lutte contre la violence à l'école et créer une cellule sociale de suivi des enfants et adolescents difficiles dans les communes où c'est nécessaire. Il propose également un dispositif national de prévention de la violence chez les jeunes. A côté de la réduction des inégalités de revenus par une réforme de la fiscalité, Lionel Jospin veut parvenir, dans les cinq ans, « à ce qu'il n'y ait plus de sans domicile fixe », reprenant la formule d' Alerte. Et promet de faire appel au réseau associatif « doté des moyens financiers nécessaires », d'étudier la mise en place de la couverture logement universelle et de rénover les cités HLM (300 000 logements démolis et reconstruits sur dix ans). En plus des mesures annoncées sur la famille (1), il s'engage à instaurer un contrat d'autonomie pour les jeunes de 18 à 25 ans. Enfin, parmi ses autres propositions, citons encore la réduction des inégalités d'accès aux soins, l'extension de la politique de dépistage systématique des maladies graves ou le développement « d'aides plus personnalisées » pour les personnes handicapées.
Dans son « engagement pour la France » rendu public trois jours plus tôt, Jacques Chirac, candidat RPR, place, lui, en tête de ses priorités « l'impunité zéro ». Outre la création d'un conseil de sécurité intérieure et une loi de programmation pour la justice, il veut développer la justice de proximité et créer des « centres préventifs fermés » (pour les délinquants multirécidivistes en attente de jugement) et des « centres éducatifs fermés » (pour ceux condamnés pour violences graves). Quant aux parents « aidés par des structures de soutien », ils pourront être sanctionnés financièrement par le juge. Le candidat évoque également des plans de sécurité dans chaque établissement scolaire et des conseils locaux de sécurité dans les communes. Jacques Chirac veut également relancer l'emploi notamment par la baisse des charges et réduire l'impôt sur le revenu d'un tiers en cinq ans. Les jeunes ne sont pas non plus oubliés, puisque plusieurs mesures leur sont proposées : un contrat d'insertion dans la vie sociale (CIVIS) afin de les aider à réaliser un projet d'insertion, associatif ou humanitaire ; un contrat sans charges en entreprise pour ceux n'ayant pas le niveau bac + 2 ; un droit aux formations en alternance grâce à une convention Etat-entreprises. En matière de santé, le candidat propose un plan national de prévention inscrit dans une loi de santé publique (lutte contre le cancer, prévention du sida) et un meilleur accès à la protection complémentaire des personnes à revenus modestes ou moyens par une incitation fiscale. Il s'engage aussi à soutenir la famille par une allocation unique d'accueil du jeune enfant (regroupant les prestations existantes) et un « crédit d'impôt famille-entreprise » (pour créer des crèches ou aménager le temps de travail en entreprise). Enfin, les personnes handicapées se voient promettre la création d'un droit à la compensation, le renforcement des aides à domicile et un programme national d'aide aux polyhandicapés et handicapés mentaux vieillissants.
(1) Voir ASH n° 2253 du 8-03-02.