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A l'approche des élections, les associations multiplient leurs requêtes à l'adresse des candidats

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Elections obligent : l'heure est aux manifestes et aux interrogations adressés aux candidats.

Un « Grenelle du droit au logement »

« Un mot a été lancé, celui de “couverture logement universelle”. Il nous plaît. Mais notre ambition est que son contenu ne soit pas décevant. » Tel est, ainsi résumé par Paul Bouchet, président d'ATD quart monde, l'objectif des propositions présentées, le 19 mars, par six associations (1). D'accord avec les préconisations du Conseil national de l'habitat sur le sujet (2), elles estiment cependant nécessaire d'aller plus loin et mettent l'accent sur l'augmentation de l'offre de logements à vocation sociale, condition sine qua non de l'efficacité du dispositif. Les comptes sont simples : pour répondre aux besoins de trois millions de mal- logés en France (3), il manque environ un million de logements sociaux. Les associations demandent donc aux candidats à l'élection présidentielle de s'engager, dans le cadre d'un plan quinquennal, à fournir 200 000 logements par an destinés aux ménages à faibles revenus.

Pour parvenir à cet objectif, elles réclament en premier lieu la réunion, sous l'égide du gouvernement, de tous les acteurs du logement, collectivités locales, bailleurs, représentants des personnes mal logées... Un « Grenelle du droit au logement », en quelque sorte. Tout un arsenal de mesures serait également envisageable. Par exemple la création d'un « conventionnement de solidarité » dans le parc locatif privé, pour lequel les bailleurs professionnels détenant cinq logements ou plus participeraient à l'effort de solidarité nationale en réservant certains d'entre eux à des ménages à faibles revenus. Autres pistes : donner une vocation sociale à un logement sur dix dans tout nouveau programme immobilier, développer les aides à l'auto-construction et à l'auto- réhabilitation, ou encore activer les procédures de réquisition... Les associations demandent aussi qu'aucun programme de démolition de HLM ne soit engagé sans qu'un plan de relogement « offrant une réinsertion urbaine » n'ait été agréé par les locataires. En clair, il s'agit d'éviter que les habitants des quartiers où interviennent ces destructions ne soient relogés dans des zones encore plus excentrées... Enfin, elles exigent que soit prévu le relogement durable de tout ménage en situation de précarité lors des expulsions.

L'autonomie des personnes handicapées

L'Association des paralysés de France (APF) a, depuis l'esplanade des droits de l'Homme au Trocadéro, posé cinq questions aux candidats. Estimant qu' « un adulte tétraplégique qui doit vivre avec 569  par mois, c'est une insulte à la dignité humaine ! », elle leur demande ce qu'ils comptent faire pour garantir l'autonomie des personnes handicapées sur le plan des ressources, des aides humaines et techniques et du libre choix du mode de vie. L'allocation aux adultes handicapés, qui représentait 78 % du SMIC net en 1982, n'en fait plus que 63,8 % aujourd'hui, rappelle l'association. Quant au maximum de l'allocation compensatrice pour tierce personne, il a suivi une pente encore plus descendante : 92 % du SMIC brut en 1979 et 64 %en 2002. Cela ne permet de rémunérer que trois heures d'aide par jour, contre quatre il y a vingt ans, alors qu'il en faudrait six pour maintenir à domicile une personne lourdement handicapée, estime-t-elle. Il faut « compenser le handicap pour pouvoir le dépasser », martèle l'APF qui exige aussi des mesures pour garantir l'accessibilité dans la cité, l'égalité des chances avec les valides et l'équité du traitement des handicapés sur l'ensemble du territoire.

La Fédération nationale des associations pour adultes et jeunes handicapés (APAJH) rappelle, quant à elle, quelques « attentes urgentes » qui portent, par exemple, sur le dépistage précoce des handicaps, l'accroissement de l'intégration scolaire et professionnelle, le comblement des retards d'équipements pour un accueil adapté des personnes les plus lourdement atteintes ou encore le développement des sites d'aide à la vie autonome.

Si elle n'oublie pas les « progrès accomplis » depuis la loi d'orientation de 1975, la fédération espère la refonte globale de cette loi. A cet égard, elle souhaite que les « légitimes émotions suscitées par des situations urgentes et particulièrement douloureuses » n'empêchent pas une « analyse objective et constructive ». Récusant une « intervention législative d'opportunité » comme celle qui a suivi l'affaire Perruche, l'APAJH demande « une concertation globale » avec tous les partenaires. Il s'agit aussi de parvenir à ce que « la question du handicap ne soit plus abordée sous l'angle caritatif » et que  « l'accompagnement » ne soit plus confondu avec « l'assistance ».

L'emploi pour tous

Les associations de chômeurs se font aussi entendre. Dans notre système « terriblement individualiste, sélectif et compétitif, trop de gens sont considérés comme inemployables, dénonce l'association Partage. Ils sont maintenus beaucoup trop longtemps dans des dispositifs d'assistance et d'insertion, ce qui finit par reconstituer une nouvelle classe de domestiques, de travailleurs pauvres. » Le sort des jeunes « interdits de RMI » scandalise Agir contre le chômage ! (AC !) qui revendique, « dès 16 ans, l'instauration d'un droit au revenu individuel et inconditionnel », ainsi que le relèvement de tous les minima sociaux à hauteur du SMIC. Le collectif Chrétiens contre la précarité (qui regroupe 30 associations, dont le Secours catholique, l'Armée du Salut, la Fédération protestante) propose, pour sa part, la création d'un « contrat d'activité jeunes » qui aille « plus loin que la simple obtention d'un RMI » en adossant « une réelle formation et un accompagnement à un revenu ».

La réforme du système d'indemnisation du chômage est à l'ordre du jour pour le Mouvement national des chômeurs et précaires (MNCP) qui veut la voir engager avec les organisations de chômeurs. AC !revendique l'abrogation du plan d'aide au retour à l'emploi et la mise en place « d'un système unifié d'allocation chômage garantissant le libre choix de l'emploi et de la formation ».

Pour favoriser l'emploi, le MNCP continue de promouvoir un « partage du travail » avec une réduction du temps de travail au plan européen et un développement de l'économie sociale. Le collectif Chrétiens contre le chômage propose notamment la tenue d'états généraux de l'emploi par bassin local, la création d'un titre de placement solidaire et le droit au travail pour les demandeurs d'asile.

Le travail social reconnu

« Qu'attendez-vous, aujourd'hui, du travail social en France ? », demande enfin aux candidats le groupement Education et société. Dans une lettre ouverte, diffusée pour signature aux professionnels (4), le mouvement a listé les questions qu'il désire voir traiter en priorité. « Quelles orientations souhaitez-vous impulser dans les cinq ans à venir en matière de politiques sociales ? », interroge- t-il, déplorant que les différentes politiques publiques aient été essentiellement centrées sur la rationalisation des coûts budgétaires et la gestion de l'urgence sociale. « Notre capacité d'expertise doit être reconnue auprès des pouvoirs publics », défendent les membres du groupement, soulignant que le travail social doit s'orienter « vers la promotion et la revendication d'une société plus solidaire ».

Plus précisément, la lettre cible plusieurs thèmes : l'économie où le politique « ne joue plus son rôle de régulateur »  ; « la citoyenneté et la démocratie participative » (sans-papiers, racisme, droit de vote aux élections locales...). La sécurité n'est bien sûr pas oubliée avec une dénonciation des surenchères sécuritaires et le rappel du manque de moyens de la prévention spécialisée et du déficit de mesures de protection de l'enfance judiciaires et administratives.  « Etes vous prêts à vous opposer à “l'ouverture” (!) de “centres fermés” pour mineurs sachant qu'ils sont dans l'impossibilité d'assurer une mission éducative ? Etes-vous prêts à donner aux travailleurs sociaux les justes moyens de leur mission ? » Enfin, les candidats sont questionnés sur les conditions d'exercice du travail social, la formation, les effectifs, la prévention...

Notes

(1)  ATD quart monde, la Confédération générale du logement, Droit au logement, Familles de France, la Fédération des associations pour la promotion et l'insertion par le logement, Médecins du monde. Contact : ATD quart monde : 33, rue Bergère - 75009 Paris - Tél. 01 42 46 81 95.

(2)  Voir ASH n° 2249 du 8-02-02.

(3)  Voir ASH n° 2253 du 8-03-02.

(4)  Education et société - Siège social : 116, rue de la Classerie - 44400 Rezé - Tél. 06 72 73 69 33 - www.education-societe.com.

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