Des indicateurs de niveau de vie comme ceux de l'INSEE vont dans le bon sens. Mais ils restent partiels, épars et sous-utilisés. Dans le rapport qu'il a remis à Guy Hascoët (1), Patrick Viveret, conseiller référendaire à la Cour des comptes, propose de « reconsidérer la richesse ». L'actuelle comptabilisation du produit intérieur brut et de sa croissance ne mesure pas le « bonheur national brut », rappelle-t-il. Elle additionne même biens réels et catastrophes, du moment qu'ils génèrent des flux monétaires. En revanche, elle ne s'intéresse pas à la qualité de la vie et compte pour rien les drames sociaux, les travaux domestiques, les activités bénévoles ou l'épuisement des ressources de la planète. Sans vouloir tout comptabiliser pour autant, Patrick Viveret propose notamment la mise sur pied de nouveaux indicateurs prenant en compte les facteurs humains et environnementaux. Des « indicateurs de destruction » pourraient ainsi mesurer les dégâts dans l'ordre social, sanitaire, écologique ou permettre de valoriser les dépenses actives de prévention par rapport aux dépenses passives de réparation. Des « indicateurs de dissociation » ou de « découplage » pourraient aussi permettre d'attirer à temps l'attention sur les écarts entre ces nouveaux repères et les indices monétaires, afin de mieux éclairer les politiques publiques. Et de les rendre « écologiquement et socialement responsables ».
(1) Reconsidérer la richesse - Secrétariat d'Etat à l'économie solidaire : 85, bd du Montparnasse - 75006 Paris - Tél. 01 40 56 60 00.