En 2020, la France comptera près de 4 millions de personnes de 80 ans et plus, soit 80 % de plus qu'en 2000. En 2040, ce chiffre devrait grimper à 7 millions, soit 220 % de plus qu'en 2000 ! On a beau connaître la tendance, les projections laissent quand même rêveur. Une étude du ministère de l'Emploi et de la Solidarité tente d'évaluer les effets de ces données démographiques sur le nombre de personnes dépendantes (1), car c'est à partir de 80 ans que les incapacités affectant l'autonomie augmentent sérieusement.
Trois scénarios sont envisagés, selon que l'allongement de l'espérance de vie s'accompagne d'une stabilisation de la durée de dépendance ou de sa diminution (comme cela a été le cas durant la dernière décennie). Dans tous les cas, le nombre de personnes dépendantes (classées en GIR 1 à 4) augmentera, avec une première accélération en 2007- 2013 et une seconde à partir de 2030. Sur 20 ans, la fourchette de la croissance va de 14 % dans l'hypothèse la plus optimiste à 31 % dans le scénario le plus pessimiste (23 % dans l'hypothèse centrale). Sur 40 ans, l'augmentation s'établit entre 32 et 80 % (53 % dans le scénario central). Ces pourcentages évoluent encore plus rapidement si l'on prend en compte l'indicateur EHPA (établissements d'hébergement pour personnes âgées) qui appréhende mieux la dépendance psychique.
Circonstance aggravante : le nombre de personnes âgées de 50 à 79 ans parmi lesquelles se recrute la majorité des aidants (le conjoint ou un enfant dans la majorité des cas) augmentera moins vite. Le potentiel de soutiens naturels ira encore en diminuant si le taux d'activité professionnelle des femmes continue de croître et si l'âge de départ à la retraite est retardé. De nombreux autres facteurs « délicats à évaluer peuvent aussi augmenter ou diminuer le potentiel d'aidants », précise l'étude qui conclut que « ces arbitrages individuels auront sans doute, autant que les évolutions démographiques, un impact sur les besoins d'aide professionnelle à domicile ou sur le choix pour les personnes âgées de vivre à domicile ou en institution ».
(1) Etudes et Résultats n° 160 - Février 2002 - DREES.