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Bilan en demi-teinte pour les ZEP

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Créées par Alain Savary en 1981 et mises en place à la rentrée 1982, les zones d'éducation prioritaire  (ZEP) visaient un « renforcement sélectif de l'action éducative » pour « donner plus à ceux qui ont moins » et réduire les inégalités sociales. Près de 20 ans après, quel est le bilan de cette politique de « discrimination positive »  ? Un colloque organisé les 5 et 6 mars par l'actuel ministre de l'Education, Jack Lang, et un numéro d'Education et formations, la revue du ministère (1), fournissent des éléments d'appréciation.

Le périmètre de l'éducation prioritaire s'est beaucoup étendu, puisqu'il est passé de 363 ZEP en 1982 à 784 aujourd'hui. Il englobe désormais 15 % des écoliers et 18 %des collégiens, soit un total de 5 800 établissements et de 1,8 million d'élèves. Avec une densité très variable selon les régions, puisque moins de 6 % des collégiens sont en ZEP dans les académies de Rennes, Toulouse et Clermont- Ferrand, contre plus de 24 % dans celles d'Aix-Marseille, Rouen et Lille et même 33 % à Créteil. L'augmentation constante du nombre de ZEP s'explique notamment par la difficulté à sortir du système les établissements qui n'y auraient plus leur place : cela leur fait perdre des postes et l'indemnité spéciale (de l'ordre de 105 à 120  € par mois) pour les enseignants, qui y voient en outre la « pénalisation » de leurs efforts et de leurs succès. Le risque est celui du saupoudrage alors que, selon certains spécialistes, mieux vaudrait au contraire concentrer les moyens sur les zones les plus en difficulté.

Les enseignants en ZEP  (20 % du total) sont plus jeunes et ont moins d'ancienneté qu'en moyenne nationale. Signe que l'on continue à y nommer des débutants et que certains d'entre eux demandent à en partir le plus vite possible... Or, selon le chercheur Gérard Chauveau, la recette des « ZEP réussissantes » inclut une équipe pédagogique « stable et solidaire », qui témoigne « d'attentes positives à l'égard des élèves ». Les ZEP les plus difficiles appellent donc « une politique de ressources humaines » volontariste et « proche du terrain », incluant un accompagnement important « et pas seulement pour les débutants ».

Quel est le destin scolaire des élèves de ZEP ? Les collégiens accèdent globalement au second cycle des lycées dans les mêmes proportions que l'ensemble des élèves, mais sont plus souvent orientés vers les filières professionnelles ou technologiques et redoublent plus souvent, reconnaît l'Education nationale. « Cette situation apparaît très liée aux différences de milieu familial et de réussite à l'école élémentaire » qui préexistent à l'entrée en 6e, juge-t-elle. « A caractéristiques de départ comparables, c'est le résultat inverse qui est mis en évidence : les élèves de ZEP atteignent plus souvent la seconde sans avoir redoublé au collège. » Mais cela n'est-il pas lié à une orientation moins sélective et à une baisse des exigences à leur égard ? La question est posée.

De l'avis général, la politique d'éducation prioritaire n'a pas fait de miracle. Mais elle a « évité ou freiné la dégradation, voire la dérive, d'un bon nombre d'établissements scolaires de quartiers défavorisés », comme l'a reconnu Jack Lang, qui a demandé aux recteurs d'académie de tirer, à la prochaine rentrée, un bilan des « contrats de réussite » signés par les établissements. Le ministre se prononce en tout cas pour une conception volontariste de la discrimination positive, à l'opposé de la tendance qui consisterait à ne « proposer qu'une sorte d'accompagnement de l'échec et de la ségrégation scolaire ».

Notes

(1)  N° 61 - Disp. à la direction de la programmation et du développement - Bureau de l'édition et de la diffusion : 58,  bd du Lycée - 92170 Vanves - Tél. 01 55 55 72 04 - 12,20  €.

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