Le Conseil national de l'alimentation, organisme consultatif placé sous l'égide des ministères de l'Economie, de l'Agriculture et de la Santé, a adopté à l'unanimité un avis sur l'exclusion sociale et l'alimentation qui vient d'être rendu public.
Il y déplore que le problème de l'alimentation ne fasse pas partie des approches globales en matière de lutte contre les exclusions. Et que ne soit réservé aucun traitement spécifique aux sans domicile fixe, qui nécessite pourtant une approche intermédiaire « entre l'aide alimentaire et l'aide médicale d'urgence », ainsi qu'aux personnes âgées ou dépendantes qui ne peut être appréhendé « qu'avec le concours des aides à domicile ».
Or, constate le conseil, les populations défavorisées rencontrent des difficultés pour se nourrir et s'alimentent mal. Le coût minimal d'une ration journalière respectant à la fois les besoins nutritionnels et les habitudes alimentaires est d'au moins 4,57 € par jour et par adulte. Les personnes en difficulté dépensent, elles, autour de 3,05 €, ce qui implique des carences et des déficiences nutritionnelles. Lesquelles sont dues, en partie, aux difficultés pour ces personnes d'accéder à l'offre.
Le Conseil national de l'alimentation propose des solutions pour y remédier. Ainsi, il estime « indispensable de faciliter l'accès aux laits pour bébé [...]par tous moyens existants » (distribution gratuite, acheminements ciblés...) et d'étendre aux collèges et aux lycées le système de modulation des prix de cantine existant en école primaire. Il propose également de distribuer à moindre coût, notamment par le biais d'associations caritatives, les produits déclassés sur de simples critères d'apparence (calibrage, catégorie...) actuellement détruits, ou transformés pour ne pas être consommés en l'état.
Par ailleurs, s'agissant des différents intervenants dans le domaine de l'action sociale et de l'aide alimentaire, le développement récent de leurs actions nécessite une augmentation de leurs moyens, notamment en termes de formation des bénévoles, note le conseil. Lequel considère qu'il est « essentiel » d'aller vers une « véritable réhabilitation alimentaire en apportant aux familles défavorisées des repères utiles et une stimulation de leur capacité d'autonomie ». Dans ce cadre, les outils existants, tels que les épiceries sociales, les ateliers de cuisine ou les jardins familiaux devraient être développés.
Enfin, le conseil juge « indispensable » de mieux utiliser les réseaux disponibles associatifs ou publics, les centres communaux d'action sociale ou les services du conseil général spécialisés dans les populations fragiles (travailleuses familiales, conseillères en économie sociale et familiale...).