Précarité et problèmes dentaires sont fortement associés. C'est ce que montre, sans surprise, une enquête du Centre de recherche, d'étude et de documentation en économie de la santé (Credes) réalisée auprès des consultants de 80 centres de soins gratuits (1). Seuls 6 %d'entre eux sont venus pour un problème dentaire alors que l'examen du médecin révèle que 72 %auraient besoin d'une intervention, d'une prothèse ou des deux. 60 % des personnes interrogées déclarent n'avoir aucune prothèse (contre 15 % dans la population générale). Si 20 % estiment les soins dentaires inutiles ou secondaires, près de 60 % invoquent des problèmes financiers.
Mais outre ces difficultés matérielles, l'enquête relève une sous-estimation systématique de la situation. C'est ainsi que les usagers des centres de soins déclarent moins de dents absentes que le dentiste n'en relève. Les chiffres sont d'ailleurs assez effrayants : en moyenne, il manque 1,8 dent aux consultants de moins de 25 ans (contre 0,5 dans l'ensemble de la population) et 12,3 dents aux plus de 50 ans (contre 2,3 en général). Les hommes âgés sont plus démunis (13 dents manquantes) que les femmes (9,5), celles-ci allant plus souvent chez le dentiste.
Plus surprenant : parmi les consultants d'âge égal, les étrangers ont nettement moins de problèmes dentaires que les Français. Sans doute, estime le Credes, parce que leurs problèmes résultent de difficultés d'insertion sur le territoire et que celles-ci, relativement récentes, n'ont pas encore entraîné de détérioration de leurs dents. A quoi s'ajoute peut-être un effet de sélection intervenu en amont, les plus fragiles se lançant rarement dans l'aventure de l'émigration.
(1) Questions d'économie de la santé n° 48 - Février 2002 - Credes : 1, rue Paul-Cézanne - 75008 Paris - Tél. 01 53 93 43 02 - 5 €.