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Ni anges, ni sauvages

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Il n'y a pas de raison de penser qu'un monde sans violences puisse exister. Ni qu'il y ait, non plus, une réponse unique à un phénomène dont les dimensions sont multiples et les modes d'expression également- même si pointer la seule violence juvénile permet aux aînés d'occulter plus facilement la leur. C'est précisément du côté des parents, et plus globalement de la société des adultes et des ratés de sa relation avec les adolescents, que Patrice Huerre invite à se pencher pour trouver des pistes permettant de « contenir, réguler et pacifier cette violence qui est aussi énergie nécessaire à la vie ».

Les jeunes « cherchent » les adultes, indéniablement. Ils mettent leur fiabilité à l'épreuve à l'aide de multiples transgressions. Souvent minimes au départ (retard du retour à la maison, absentéisme, provocations au collège, petits larcins), celles-ci participent efficacement à leur processus de maturation s'ils trouvent, dans leur entourage, des réponses structurantes à même de les rassurer. Or la difficulté des adultes à dire non et à soutenir des positions qui peuvent être source de conflits ne font qu'amplifier les difficultés des adolescents qui en « rajoutent » dans l'espoir qu'on les entende. Dans une « société de droits, sans devoirs clairement affirmés en retour », le psychiatre dénonce le sauve-qui-peut éducatif généralisé : manque d'autorité des parents et, au-delà du cercle des familiers, désarroi des adultes de la cité qui se montrent plus prompts à crier au loup et au couvre-feu qu'à remettre à sa place un jeune injurieux.

Comment essayer de rompre ce cercle diabolisation-répression ? En cessant de craindre la jeunesse et en lui proposant davantage de prise d'initiatives locales et de reconnaissance d'une utilité sociale. « Tout ce qui contribue à constituer une identité sociale sera bienvenu pour rendre moins nécessaire le recours à la violence qui permet de s'assurer de son existence propre », souligne Patrice Huerre. Et de suggérer notamment un abaissement de la majorité légale à 15 ans - soit à un âge reliant les transformations du corps et du droit - pour conférer un sens concret à l'exercice de la citoyenneté, préparé en amont, et redonner de la valeur aux contributions juvéniles. Les 15-18 ans représentant quelque 5,24 % de voix supplémentaires, la frilosité d'un électorat vieillissant pourrait se voir ragaillardie d'une autre vision du monde. Même si cette idée relève pour l'heure du rêve, il faut se souvenir, précise Patrice Huerre, qu'un sondage réalisé quelques semaines avant mai 1968 avait jugé totalement inadéquat le projet de ramener à 18 ans l'âge de la majorité alors fixé à 21 ans.

Pages réalisées par Caroline Helfter Ni anges, ni sauvages. Les jeunes et la violence  - Patrice Huerre - Editions Anne Carrière - 17  .

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