Des « Maisons de justice » françaises et belges à la « Justitie in de Buurt » néerlandaise- littéralement : justice dans le quartier -en passant par la « Community Justice » britannique, la justice de proximité se développe, sous différents visages, en Europe. Proximité géographique, proximité humaine et proximité temporelle :telle est la trilogie mise en œuvre pour essayer de répondre mieux, c'est-à-dire autrement et plus rapidement, au développement du sentiment d'insécurité - et d'exaspération des victimes réelles ou potentielles -, ainsi qu'à l'accroissement de la demande de droit et de justice. Aussi louable soit-elle, cette recherche d'efficacité est-elle vraiment souhaitable ? Dénonçant les effets pervers de certains dispositifs, et notamment les risques d'une « criminalisation du social », certains analystes en doutent. Stigmatisation accrue de quartiers dits « à risques » et traitement discriminatoire de leurs habitants, quadrillage pénal plus serré et plus constant des populations, développement d'une culture de l'urgence se cumulant à un souci de visibilité de l'ordre de la « politique-spectacle » : parlant de la Belgique, Yves Cartuyvels et Philippe Mary sont particulièrement virulents. Jacques Faget se montre plus optimiste. Plutôt que de « hurler au complot répressif », le juriste et sociologue français considère que les services publics de proximité peuvent s'inscrire dans une logique féconde de développement des quartiers en difficulté, si tant est qu'on les conçoive comme des lieux fédérateurs d'initiatives, accompagnant les dynamiques associatives locales et favorisant la participation des habitants.
La justice de proximité en Europe. Pratiques et enjeux - Sous la direction de Anne Wyvekens et Jacques Faget - Ed. érès -22 € .