Si les jeunes filles sont désormais majoritaires dans le programme « trajet d'accès à l'emploi » (TRACE), leur taux d'insertion dans l'emploi demeure toutefois inférieur à celui des garçons. Tel est le constat que dresse la délégation du Sénat aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes dans son deuxième rapport annuel (1).
S'appuyant sur des auditions de personnalités, comme la députée (PS) Hélène Mignon, et sur un questionnaire adressé aux missions locales d'insertion et aux permanences d'accueil, d'information et d'orientation (PAIO), l'étude montre en effet que, depuis 2001, la part des jeunes femmes dans le dispositif est de 52,6 % (contre 51,8 % en 2000 et 48,9 % en 1999). Pourtant, et alors qu'elles ont un niveau de formation généralement supérieur à celui des garçons et bénéficient des mêmes actions d'accompagnement, « les jeunes filles sont moins nombreuses à trouver un emploi en fin de parcours » .
Ainsi, parmi les entrées de 1999, 48 % seulement des femmes travaillent à l'issue du programme, contre 53 %pour les sortants. Et « parmi les entrées de 2000, le pourcentage de réussite reste le même pour les filles alors qu'il remonte à 60 % pour les garçons ». Quant aux sorties vers l'alternance, elles « doublent d'une année sur l'autre et sont deux fois plus importantes pour les hommes ». En outre, les types de contrats qui sont proposés aux jeunes femmes sont plus souvent précaires. A l'issue du programme TRACE, 14,6 %d'entre elles signent un contrat emploi-solidarité, 2,8 % un contrat emploi consolidé, 3 % un contrat initiative-emploi, 5,5 % un contrat à durée déterminée à temps partiel et 18,3 % un contrat à durée indéterminée à temps complet. Contre respectivement 7,8 %, 1,6 %, 4 %, 1,1 % et 23 % pour les hommes. « Les jeunes femmes qui sortent vers l'emploi occupent ainsi plus souvent que les hommes un emploi aidé du secteur non-marchand ». Et, lorsqu'elles sont embauchées dans le secteur concurrentiel, « il s'agit le plus souvent d'un temps partiel ».
Comment expliquer ce paradoxe ? Selon la délégation, « une première réponse peut être trouvée dans l'existence d'une sectorisation des métiers en fonction du sexe ». Les jeunes filles ont en effet tendance à privilégier les métiers de services aux personnes (troisième âge, enfants) et aux collectivités, la distribution et la vente. Ce qui a d'ailleurs conduit la plupart des missions locales et PAIO à mettre en œuvre des actions visant à étendre la palette de leurs choix professionnels. Car, comme l'a déjà souligné Hélène Mignon (2), « lorsque les opérateurs du programme TRACE travaillent sur l'élargissement des métiers, l'insertion des jeunes filles est meilleure ». Mais, « s'il s'agit bien de briser les a priori sur les métiers du côté des jeunes filles, il faut aussi faire évoluer les mentalités du côté des employeurs », relève le rapport. Et renforcer la collaboration avec le secteur marchand, un objectif quantitatif d'insertion des jeunes filles dans l'emploi durable devant, à cet égard, être défini.
A toutes ces difficultés s'ajoutent enfin des obstacles matériels et psychologiques propres aux jeunes femmes. La délégation fait remarquer que l'on trouve dans le programme TRACE un nombre non-négligeable de jeunes mères confrontées notamment à des problèmes de garde d'enfants. Aussi, recommande-t-elle la création de foyers d'accueil d'urgence et le développement de tous modes de garde. En outre, constatant que certaines jeunes filles ont abandonné le programme parce qu'elles se sont retrouvées enceintes, le rapport préconise la délivrance aux intéressées d'une information systématique sur la contraception à l'entrée dans TRACE.
(1) Rapport d'activité pour l'année 2001 fait au nom de la délégation du Sénat aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes - Sénat - n° 232.
(2) Voir ASH n° 2241 du 14-12-01.