Relancer les emplois-jeunes en gérontologie et profiter du Fonds de modernisation de l'aide à domicile instauré par la loi sur l'allocation personnalisée d'autonomie (APA) pour accompagner le développement de nouveaux métiers dans ce secteur, telles sont les orientations de Paulette Guinchard-Kunstler. Le secrétaire d'Etat aux personnes âgées peut désormais s'appuyer sur les conclusions de l'étude concernant la déclinaison en gérontologie du dispositif nouveaux services-nouveaux emplois commandée l'an dernier au cabinet Ariane Développement local par la délégation générale à l'emploi et à la formation professionnelle et la direction générale de l'action sociale (1). Ciblée à la fois sur le domicile et sur les établissements, la recherche a été menée en lien avec les principales têtes de réseaux (2) dans 20 régions métropolitaines et un département d'outre- mer. 798 postes d'emplois-jeunes- un poste sur sept créés en gérontologie - ont été analysés.
Conclusion ? Tous les postes repérés ont pu être intégrés dans les grilles de métiers des fonctions publiques hospitalière et territoriale et dans les conventions collectives nationales concernées. S'agit-il de nouveaux métiers ? « Pas tellement », observe Jean-Michel Caudron, l'un des consultants ayant travaillé sur le dossier. « Soit les postes correspondent à une forte évolution des métiers existants. Soit ils déclinent en gérontologie des métiers existant dans d'autres champs. » Dans chacun des secteurs d'activité (établissement, domicile, territoire), le dispositif a ainsi permis de développer de nouvelles compétences auprès des retraités (accompagnement social, hôtellerie), de faciliter l'évolution de métiers existants (vie sociale, soins et accompagnement de la personne), de soutenir les structures dans leur démarche de qualité (référent éthique et qualité) ou de seconder les opérateurs de terrain dans leur rôle de développeur local (agent de développement en gérontologie...).
Les deux fonctions les plus rencontrées (61,5 % des postes étudiés) sont « les assistants de convivialité » qui aident à la resocialisation des personnes repliées sur elles-mêmes et « les accompagnateurs de vie » qui permettent aux usagers de retrouver une autonomie dans les gestes de la vie de tous les jours.
Reste que « la marge de progression de création de postes en gérontologie est très importante », relève Jean-Michel Caudron qui évalue à 80 000 le nom-bre d'emplois potentiels. Un chiffre qui tient compte de l'évolution du contexte réglementaire (création de l'APA, réforme de la tarification…) et de l'explosion démographique prévisible des plus de 80 ans.
En 2003, les premiers jeunes sortiront du dispositif. Comment envisager leur avenir et celui de leur emploi ? L'étude formule 32 suggestions. Elle propose, entre autres, de reconnaître le grade d'animateur de niveau IV (brevet professionnel de la jeunesse, de l'éducation populaire et des sports) dans la grille des métiers de la fonction publique hospitalière, de concevoir des certifications professionnelles d'animateur de niveau III (type diplôme d'Etat relatif aux fonctions d'animation) adaptées à la gérontologie sociale, d'imaginer de nouveaux diplômes (BTS d'hôtelier en établissements médico- sociaux et sanitaires)... Mais surtout, elle suggère de créer une « certification nationale de gérontologie sociale », en élaborant un répertoire des dix compétences professionnelles permettant d'harmoniser des contenus de formation trop souvent disparates et de définir des référentiels métiers uniformes. Et d'offrir ainsi une base commune aux métiers émergents.
Isabelle Sarazin
(1) Et dont les résultats ont été présentés, le 7 février, lors d'une journée organisée par le ministère de l'Emploi et de la Solidarité. Disp. c/o Jean-Michel Caudron : 8, place Carnot - 91590 La Ferté-Alais - Tél. 06 80 96 25 69.
(2) La FEHAP, la FHF, l'Unassad, l'Unccas, l'Uniopss.