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« Les vœux 2002 du mouvement national des étudiants en travail social »

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Dénonçant des conditions d'études et de travail « inacceptables », le Mouvement national des étudiants et des travailleurs sociaux émet le souhait que 2002 soit « l'année du travail social ».

« En cette période de foisonnement des mouvements sociaux (en vrac : infirmières, internes, policiers, gendarmes, banquiers, etc.), où le maître mot est plus d'argent pour améliorer le service public et la reconnaissance de ces professions, le Mouvement national des étudiants et des travailleurs sociaux  (MNETS) se surprend à croire et à espérer qu'un jour de l'an 2002 ces mêmes revendications soient portées par les étudiants et les travailleurs sociaux.

On rencontre tous quelles que soient notre profession, notre ancienneté, notre vision du champ social, des difficultés liées à des incohérences, aussi bien au niveau des politiques sociales que de l'organisation interne d'un service, qui peuvent nuire, voire dégrader le service rendu à l'usager.

Ces problèmes ne sont pas récents, ils sont même parfois totalement intégrés mais... il y a un moment où il faut savoir et oser dire “si ça continue, il va falloir que ça cesse !”

En effet, cela fait trop longtemps que les étudiants et les travailleurs sociaux connaissent des conditions d'études et de travail inacceptables. Et, face à cela, on constate toujours un manque de mobilisation sur ces sujets, des premiers concernés.

Pourquoi les professionnels ne veulent-ils pas défendre leurs conditions, leurs métiers, leurs pratiques ?Pourquoi autant de mutisme sur ces sujets presque devenus tabous tellement ils sont déniés par tous ? Pourquoi autant de non-dits sur la réalité du champ social ? Est-ce la preuve d'un héritage trop lourd, intégré comme un secret de famille ?

Il semblerait que chacun ne s'autorise pas à revendiquer une meilleure condition parce que : “Je travaille auprès de personnes en situation de précarité, donc je ne peux pas me plaindre de la mienne.”

Mais jusqu'à quand les étudiants vont pouvoir accepter de :

 payer des frais de concours, de scolarité pouvant s'élever jusqu'à 8 000 F ? Tous ces frais sont discriminatoires et ne garantissent pas un égal accès pour tous ;

 survivre au-dessous du seuil de pauvreté pour 35 % d'entre eux. Pour certains, il faut connaître la misère avant de pouvoir travailler contre l'exclusion ;

 effectuer un stage sans avoir établi de projet, l'accepter sans une réelle volonté de découvrir et de participer à cette approche pratique de la profession ? Car dès qu'un terrain de stage est trouvé personne ne fait le difficile ;

 subir les frais occasionnés par les stages ? Ce double coût financier de la formation est souvent à l'origine de plusieurs abandons en cours d'année ;

 étudier dans des centres de formations qui ne sont pas adaptés, tant par leur capacité d'accueil au niveau des locaux que par leurs moyens matériels de nouvelles technologies d'information et de communication ?

 intégrer cette inéquation : 3 années d'études =BAC + 2 ? C'est le cas pour les formations d'assistants de service social, d'éducateur spécialisé, de conseillère en économie sociale et familiale, d'éducateur de jeunes enfants. Certaines formations n'offrent même pas de reconnaissance au niveau de l'enseignement supérieur telle celle des moniteurs-éducateurs.

Ouvrir les yeux

Et combien de temps, les professionnels vont continuer à fermer les yeux sur :

 la non-reconnaissance du diplôme à l'embauche ? Elle se manifeste notamment à travers les concours de la fonction publique dans lequel on retrouve une épreuve de synthèse (tiens ! ça me rappelle quelque chose !) et un oral (et le mémoire alors ?)  ;

 la surcharge de travail liée à l'augmentation de la précarité mais aussi des politiques sociales avec leurs lots d'imprimés à remplir, de protocoles à respecter, des statistiques, etc. Une surcharge de travail qui ne laisse pas le temps (l'éternelle urgence) aux professionnels pour réfléchir sur leur pratique, sur l'évolution des méthodes d'intervention. Tout cela se fait au détriment d'un service rendu de qualité et d'une participation à la formation (à travers l'accueil d'un[e] stagiaire, d'une participation aux épreuves du diplôme d'Etat, à des modules de formation)  ;

 l'attitude des politiciens, qui ne sollicitent ni les connaissances ni les savoirs des professionnels en matière de besoins réels de la population, ce qui se solde parfois par des mesures d'aide inadaptées ou avec de trop faibles moyens.

2002  :l'année du travail social

Il nous semble que les premiers acteurs concernés par la mise en œuvre de dispositifs (d'actions sociales ou de formation) doivent être entendus lorsque des décisions sont prises.

Et pendant combien de temps tout le monde va ignorer l'émergence de postes semblables à ceux que nous occupions en qualité de stagiaire, de professionnels ou d'intervenant n'ayant pas suivis les formations diplômantes ? Est-ce acceptable qu'une conseillère en économie sociale et familiale occupe un poste de polyvalence de secteur avec le volet protection de l'enfance sans y avoir été préalablement formée (de multiples exemples de ce genre existent)  ?Est-ce éthiquement et déontologiquement (aux grands mots, les grands remèdes !) défendable que des universitaires licenciés en politique de la ville soient reconnus à BAC + 3 et employés au titre de conseiller technique ?

Et si les étudiants et les travailleurs sociaux (toutes professions confondues sans aucune guerre de chapelle) exprimaient leur souffrance quotidienne. Qu'un jour ils cessent de fonctionner dans une bulle institutionnelle ou associative pour s'apercevoir que les “exclus des faveurs politiciennes” ce sont les travailleurs sociaux.

Devant toutes nos difficultés, on ne peut pas avoir une démarche individuelle. Nous qui usons des interventions d'aide collectives, de développement social local en tout genre, appliquons à nous cette démarche collective.

Le Mouvement national des étudiants et des travailleurs sociaux vous invite à réfléchir sur ces revendications qui sont inscrites dans ces statuts afin que son leitmotiv soit l'aboutissement de celles-ci à des réponses concrètes et acceptables.

Pour 2002, le Mouvement national des étudiants et des travailleurs sociaux émet un vœu : que le travail social soit plus que jamais reconnu et reste toujours reconnaissable.

Bonne année 2002. »

Brice Mendes, Estelle Massal et Anne Guibert Respectivement président, trésorière et secrétaire du MNETS  : 1011, rue du Pont-de-Laverune -34070 Montpellier -Tél. 06 63 52 78 45 -Site : www.mnets.fr.st/ - Email :mnets@fr.st.

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