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Les mauvais chiffres de la délinquance en 2001

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A l'heure où l'insécurité s'annonce comme l'un des principaux thèmes de la campagne présidentielle, le ministère de l'Intérieur a présenté, le 28 janvier, les chiffres de la délinquance en 2001 (1). Une année marquée par le franchissement de la barre symbolique des 4 millions d'infractions.

Les services de police et de gendarmerie ont, en effet, recensé, en 2001, 4 061 792 crimes et délits, contre 3 771 849 un an plus tôt. Soit une augmentation de 7,69 %. Chacune des quatre grandes catégories de crimes et délits (2) a été orientée à la hausse. Les atteintes volontaires contre les personnes sont toutefois celles qui ont enregistré la progression la plus forte (+ 9,86 %). Les statistiques permettent par ailleurs de distinguer la délinquance de voie publique, en augmentation de 9,30 % avec 2 337 374 infractions recensées (soit 198 881 faits de plus qu'en 2000). Pour mémoire, elle rassemble tous les faits de petite et moyenne délinquance qui incommodent le plus les particuliers : vols à la tire, à l'arraché, destructions et dégradations, vols avec violences, etc. Son évolution a été plus marquée dans les zones périurbaines et rurales dont la gendarmerie est en charge (+ 16,57 %) que dans celles fortement urbanisées des grandes agglomérations et de leurs banlieues où intervient la police nationale (+ 7,04 %).

Autre tendance, soulignée par le directeur général de la police, Patrice Bergougnoux : le passage à l'acte concerne des délinquants de plus en plus jeunes. Même si le nombre de mineurs mis en cause en zone police est en diminution, avec 129 893 mineurs en 2001, contre 132 293 en 2000, des estimations plus précises par tranches d'âge montrent, en effet, que la participation des moins de 13 ans a, quant à elle, augmenté. Ces enfants ou ces préadolescents se trouveraient ainsi « impliqués plus souvent dans des affaires de coups et blessures volontaires, de cambriolage, de destruction et de dégradation volontaire ».

Pour le chef de la police, toutes ces hausses proviennent de « tendances de fond, comme l'accroissement de la violence, mais aussi de phénomènes conjoncturels, comme l'apparition de nouvelles formes de délinquance d'appropriation », liées aux téléphones portables notamment. Mais doivent aussi être analysées au regard des « effets secondaires d'une meilleure présence policière résultant de la mise en œuvre de la police de proximité ou d'un encouragement croissant à la dénonciation des violences, y compris au sein du cadre familial ».

Neutraliser les traditionnels débats sur les chiffres de la délinquance

L'annonce officielle des chiffres de la délinquance en 2001 a également été l'occasion d'évoquer la disparition, dans les années à venir, d'un système statistique vieux de 30 ans et très contesté. Et l'avènement, en conséquence, d'un « observatoire de la délinquance », proposé par les députés Robert Pandraud (RPR) et Christophe Caresche (PS) dans un rapport (3) remis à Lionel Jospin quelques jours auparavant.

C'est en effet sur fond de énième polémique concernant les chiffres de la délinquance que le Premier ministre avait, en juillet dernier, demandé aux deux parlementaires de plancher sur l'élaboration d'un « nouvel instrument statistique, permettant de passer du simple constat des infractions à une véritable mesure de l'insécurité et des résultats obtenus pour la réduire »   (4).

A l'arrivée, les deux députés fustigent, dans leur rapport, l'absence de coordination et l'éparpillement des différentes sources d'information, le cloisonnement des systèmes d'information d'un ministère à l'autre et l'absence de croisement des différents instruments de mesure utilisés pour chiffrer la délinquance et les réponses qui lui sont données.

Et plaident, en conséquence, pour la création d'un observatoire de la délinquance, lequel pourrait prendre la forme d'un établissement public sous la tutelle des ministères de l'Intérieur, de la Justice, de la Défense et des Finances. Composé notamment de représentants des administrations concernées et d'élus, il aurait pour vocation de recueillir les données statistiques et d'en faire la synthèse, de mener des recherches et des analyses à partir de ces données, de réfléchir aux méthodes de collecte des informations ou encore d'assurer une fonction de conseil technique et de relais auprès d'observatoires locaux de la délinquance créés à l'initiative des villes et des départements. Les ministères conserveraient leurs données et pourraient continuer à effectuer des publications, mais ce serait l'observatoire qui aurait, seul, le monopole de la communication sur les chiffres de la délinquance.

Les deux parlementaires proposent également une série de mesures pour rénover l'outil statistique existant : mise en place d'enquêtes de « victimation »   (5) pilotées par l'observatoire, rationalisation et exploitation de la main courante, etc.

A Matignon, on indique que le Premier ministre « a marqué son intérêt » pour les propositions du rapport. Et que celles-ci devraient faire l'objet « immédiatement » d'un examen interministériel afin de déterminer les suites qui leur seront données.

Notes

(1)  Disponibles sur le site Internet du ministère de l'Intérieur : www.interieur.gouv.fr.

(2)  Vols, atteintes aux personnes, infractions économiques et financières, autres (dont stupéfiants).

(3)  Mission parlementaire relative à la création d'un observatoire de la délinquance - Rapport présenté par Christophe Caresche et Robert Pandraud, disponible sur le site du ministère de l'Intérieur : www.interieur.gouv.fr.

(4)  Voir ASH n° 2221 du 29-06-01.

(5)  C'est-à-dire des enquêtes directes effectuées auprès d'échantillons de 20 000 à 30 000 personnes pour savoir si elles ont été victimes d'actes de délinquance sur une période donnée.

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