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La vie de galère des 86 000 personnes sans domicile...

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Pour la France métropolitaine, l'INSEE estime le nombre de personnes sans domicile à environ 86 000, dont 16 000 enfants. En lançant, en janvier 2001, la première grande enquête sur les populations sans domicile (1), l'Institut national de la statistique avait d'abord pour ambition de donner un ordre de grandeur du phénomène. Voilà qui est donc fait, en précisant que cette catégorie des sans-domicile a une définition plus large que celle des sans-abri, puisqu'elle inclut des personnes accueillies pour une longue durée comme les femmes résidant en centre maternel, mais qu'elle exclut, par contre, les personnes logeant dans des habitations de fortune (41 000), hébergées par des parents ou amis  (80 000) ou installées à l'hôtel (51 000), donc toutes celles qui, de manière plus ou moins précaire, disposent quand même d'un « chez soi ».

8 % dorment dans la rue

Selon les premiers résultats de l'enquête (2), 8 % des sans-domicile dorment dans un lieu non prévu pour l'habitation, pour moitié dans un espace privé (cave, cage d'escalier, voiture...) et pour moitié dans un lieu public, ouvert (rue, pont) ou fermé (gare, métro...)  ; 14 % sont hébergés dans un centre qu'ils doivent quitter le matin et où ils ne sont pas sûrs de retrouver une place la nuit suivante ; 38 % sont reçus dans une structure où ils peuvent rester durant la journée, au moins dans les parties communes, et laisser leurs affaires. Dans ce cas, la moitié des hébergés dispose d'une chambre individuelle, contre un sur sept seulement dans les centres qu'il faut quitter le matin. Enfin, 5 % des sans-domicile sont logés à l'hôtel et 37 % en studio ou en appartement, intégrés dans des structures collectives dans un cas sur quatre. Nombre d'entre eux acquittent une participation aux frais d'hébergement : 30 % de ceux qui sont à l'hôtel, 80 % en appartement et même 60 % en centre.

Parmi les personnes dormant dehors, les trois quarts sont domiciliées dans une association et peuvent y recevoir du courrier. La moitié fréquente un accueil de jour et 30 % un vestiaire.

Qui sont les sans-domicile ? Des hommes pour les deux tiers. Plus jeunes que la moyenne de la population, avec 36 %de 18 à 29 ans et seulement 16 % de plus de 50 ans, (contre 40 % en général). Et 29 % d'étrangers, soit quatre fois plus que dans l'ensemble de la population. Deux personnes sans domicile sur trois vivent seules et une sur quatre est accompagnée d'enfant (s).

Les dispositifs d'hébergement apparaissent plus orientés vers les femmes et les jeunes. Soit par vocation affichée (pour les centres mères-enfants), soit par le fait du mode d'admission. Ainsi les femmes- 33 % parmi les sans- domicile - ne sont plus que 3 % chez les personnes qui séjournent longuement dans la rue ou en abri de fortune. Par contre, elles sont hébergées deux fois plus souvent en appartement et trois fois moins souvent dans les centres qu'il faut quitter le matin que les hommes. Quant aux personnes accompagnées d'enfants, elles sont dirigées pour les trois quarts vers des appartements. Par contre, les étrangers sont deux fois plus souvent que la moyenne hébergés dans des centres qu'il faut quitter chaque matin.

Les trois quarts des sans-domicile ont déjà occupé un logement personnel et 40 % l'ont perdu durant les 12 derniers mois. Au cours de cette même période, seul un sans-domicile sur deux a effectué une démarche pour trouver un logement. Les autres mettent en avant leur insuffisance de revenus (dans 43 % des cas), le manque de documents administratifs (17 %). 14 % ne souhaitent pas changer de mode d'hébergement (faute d'y croire ?).

La durée de « la vie de galère » est très variable mais, en moyenne, les sans- domicile l'ont été pendant sept mois au cours de l'année précédant l'enquête. Les personnes accueillies dans les centres avec départ obligatoire chaque matin y ont dormi en moyenne quatre mois, dépassant souvent les durées de séjour réglementaires. 20 % y sont hébergées depuis plus de trois mois et 5 %depuis plus de deux ans ! Celles qui dorment dans la rue l'ont fait, en moyenne, 5,5 mois durant l'année précédente et ont été hébergées 1,5 mois en centre.

Près d'une personne sans domicile sur trois a séjourné au moins une nuit à l'hôpital au cours de l'année. Les motifs d'admission les plus fréquents sont les traumatismes causés par les agressions, les accidents et les tentatives de suicide. 22 %des sans-domicile se sentent très souvent tendus, nerveux ou en état de stress, 23 % déclarent souffrir de dépression et 5 % de troubles mentaux. Ce taux grimpe à 13 % parmi les personnes dormant dans la rue ou dans un abri très précaire.

Trois sur dix travaillent

Plus surprenant peut-être, 29 % des sans-domicile occupent un emploi, dont plus de la moitié dans le privé et un quart dans les associations ou les centres d'hébergement. Les trois quarts sont sous contrat précaire ou sans contrat (16 %). Même parmi ceux qui dorment dehors, 13 % déclarent travailler, au moins occasionnellement. 43 % des sans-domicile sont inscrits au chômage et 28 % sont inactifs (dont un quart d'étrangers interdits de travailler). Plus de huit sans-domicile sur dix sont issus des catégories d'ouvriers ou d'employés, 11 % appartenaient aux professions inter- médiaires ou aux cadres et 5 % étaient des travailleurs indépendants.

60 % des sans-domicile perçoivent au moins une prestation sociale et dans près d'un cas sur deux il s'agit de leurs seules ressources. Près d'un quart ne reçoit ni revenu ni prestation. Un sur dix reconnaît « faire la manche » régulièrement. 60 % déclarent bénéficier de la couverture maladie universelle.

Les sans-domicile rencontrent-ils des travailleurs sociaux ? Parmi les personnes qui fréquentent les centres d'hébergement, la moitié y arrive par ses propres moyens ou y est conduite par les pompiers ou une équipe de rue, tandis que l'autre moitié y est admise par l'intermédiaire d'un service social et, dans ce cas, relève l'enquête, les personnes bénéficient de meilleures conditions d'hébergement. Il reste que la moitié des sans- abri et un tiers des sans-domicile hébergés dans des centres avec départ le matin disent n'avoir rencontré ni assistante sociale ni éducateur durant les 12 mois précédents. Et parmi ceux qui l'ont fait, un tiers s'en disent mécontents.

Notes

(1)  Voir ASH n° 2197 du 12-01-01. 4 000 personnes de plus de 18 ans ont été interrogées plus d'une heure dans 800 services d'hébergement ou de distribution de repas chauds.

(2)  INSEE Première n° 823 et 824 - Janvier 2002 - Disp. sur www.insee.fr. D'autres publications vont suivre tout au long de l'année sur l'accès aux droits, la santé, les trajectoires résidentielles, l'enfance des sans-domicile, etc.

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