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Enfants délaissés, adoptions tardives

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Faut-il, au terme d'un délaissement tardif, encourager l'adoption, même si un enfant a pu être parfaitement inséré dans une famille d'accueil ? Pour répondre à cette question, Claire Gore, psychologue clinicienne dans différents services de l'aide sociale à l'enfance, s'appuie sur la recherche-action qu'elle a réalisée, entre 1982 et 1996, auprès d'enfants devenus adoptables à partir de l'âge de 8 ans. Cette limite a été choisie pour deux raisons, explique l'auteur : d'une part, elle coïncide avec la phase de doute la plus problématique dans les choix d'orientation et, d'autre part, elle correspond à un âge assez fréquent si l'on prend en compte la durée des différentes étapes à franchir pour devenir pupille adoptable et adopté.

Régis, Sébastien, Raoul, Yolène, Denis, Sonia, Marc et Jérémie, les huit enfants retenus pour cette étude, ont tous connu le délaissement pendant de longues années avant que n'intervienne une procédure juridique d'abandon, puis qu'ils soient confiés en vue d'adoption alors qu'ils avaient de 8 à 13 ans. Comment ces enfants, ne posant pas de problème majeur dans leur placement qui a duré entre trois et dix ans, ont-ils vécu leur parcours ? En dépit de leur âge, d'une certaine qualité d'attachement à leur famille d'accueil et de leurs difficultés initiales à se représenter le processus de l'adoption- source de réactions d'indifférence, voire de résistances plus ou moins vives à la perspective de ce départ -, les enfants suivis réussissent, au fur et à mesure de la concrétisation du projet, à l'appréhender de façon positive et à véritablement investir leur nouvelle famille. La détente qui s'instaure entre enfants et parents adoptifs, commente l'auteur, permet aux premiers d'évoquer leur famille d'accueil puis, peu à peu, leur histoire, et enfin leurs aspirations. Cinq ans après l'adoption, les sentiments de satisfaction sont largement dominants, tant du côté des parents que des adolescents. Quelles que soient les difficultés qui ont rendu sa réalisation laborieuse, l'adoption est perçue comme une chance et les intéressés sont tous d'accord pour dire que l'âge ne doit pas y faire obstacle. Même tardive, souligne Claire Gore, l'adoption « reflète ici une intégration familiale plus large et plus profonde que celle observée en famille d'accueil (relais clairement établis par d'autres membres de la famille, implication forte du père, meilleures performances scolaires, etc.). Les parents d'origine ne sont plus impensables et les enfants ne développent plus vis-à-vis d'eux une espèce d'indifférence ou de nostalgie prédominante. »

Corroborée par différentes recherches européennes sur les capacités d'un enfant à se restaurer et à s'inscrire dans une filiation adoptive, le travail de Claire Gore invite notamment à penser plus précisément les limites du placement familial pour envisager, au plus tôt, cette autre forme de protection de l'enfance qu'est l'adoption.

Enfants délaissés, adoptions tardives. En France et en Europe  - Claire Gore - ESF éditeur -25,76  .

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