Une autre étude fait ressortir les premiers effets de la montée en charge de la CMU durant l'année 2000. Réalisée par le Centre de recherche, d'études et de documentation en économie de la santé (1), elle montre que les plus bas revenus sont passés en un an d'un taux de couverture complémentaire de 50 % à 80 %.
Il reste quand même 8 % de l'ensemble des assurés sociaux qui ne bénéficient que de la sécurité sociale de base. Et cette proportion grimpe encore à 16 % parmi les personnes dont le revenu par unité de consommation est inférieur à 3 500 F par mois, alors qu'elle n'est que de 3 %au-delà de 8 500 F par mois. Un rattrapage s'effectue donc, mais il est loin d'être achevé. L'étude montre d'ailleurs que le montant des ressources et la catégorie socioprofessionnelle restent des critères discriminants en matière de santé, quel que soit l'angle sous lequel on la scrute.
Ainsi la morbidité croît évidemment avec l'âge et varie selon le sexe (les femmes déclarant plus de maladies que les hommes), mais elle est aussi plus forte pour les chômeurs que pour les actifs occupés, et pour les allocataires du RMI que pour l'ensemble de la population d'âge égal. De même, les douleurs fréquentes touchent proportionnellement plus les chômeurs et les personnes à faible revenu que les autres.
Le recours aux soins est très corrélé à l'état de santé des individus... et à leur statut socio-économique. Il en va ainsi pour la consultation des spécialistes (qui augmente avec le niveau d'études), pour la fréquentation des dentistes et le port de prothèses fixes (qui varie de plus du simple au double selon le revenu), et pour la consommation de produits pharmaceutiques, nettement plus élevée en haut qu'en bas de l'échelle sociale. Les femmes ayant des conditions de vie difficiles consultent moins le gynécologue et ne bénéficient pas régulièrement de mammographies (elles sont encore 30 % parmi les 50-70 ans).
Enfin, les familles monoparentales acquittent deux fois plus souvent que les autres la totalité du ticket modérateur, dépensent 25 % de moins en médicaments pour les enfants et vont moins souvent chez le médecin, tout en souffrant de plus de troubles mentaux, du sommeil et de pathologies diverses que les couples avec enfants.
(1) Questions d'économie de la santé n° 46 - Décembre 2001 - Credes.