C'est une avancée importante pour le secteur social et médico-social confronté au déficit structurel de personnels qualifiés et à l'augmentation des faisant-fonction. Et l'on ne peut que se réjouir de l'ouverture d'une voie d'accès à la qualification qui reconnaisse l'expérience des personnes et allège leur parcours de formation au regard de leurs acquis. Par contre, nous ne voyons pas encore clairement comment la VAE va être mise en œuvre pour notre secteur qui jusque-là échappait au système mis en place par la loi du 20 juillet 1992. Et je suis un peu inquiet.
Il faut être extrêmement prudent et précis dans la déclinaison au secteur du dispositif afin de garantir la qualité des titres et la sécurité des prestations rendues aux usagers. Par exemple, la loi mentionne que la validation des diplômes peut être totale ou partielle. Or, à la direction générale de l'action sociale, certains sembleraient défendre l'idée que la VAE puisse permettre l'obtention d'un titre dans sa totalité. Ce qui pose question.
Jusqu'à présent, on a toujours considéré que l'outil pédagogique de la formation, c'était l'alternance. Définie comme l'accompagnement formateur d'une période, celle-ci est intégrée au processus pédagogique. Or une validation totale des diplômes, qui ne retiendrait que l'expérience antérieure, remettrait en cause une telle conception de l'alternance. Attention donc à ne pas tirer vers le bas la formation en voulant résoudre les problèmes de qualification par la VAE.
Il faut profiter de la loi de modernisation sociale pour construire des référentiels d'activités, de compétences et de certification, inexistants aujourd'hui pour la quasi-totalité des métiers du secteur social et médico-social. Il faut également saisir cette occasion pour s'interroger sur nos modes de sélection à l'entrée des écoles : la VAE remet-elle en question cette sélection ? Et dans le cas contraire, ne faut-il pas envisager une expertise qui prenne en compte davantage l'appétence et la compétence des candidats ? Enfin, je reste persuadé que la VAE ne doit pas permettre l'obtention d'un titre dans sa totalité. Le dispositif doit assurer une validation partielle, voire en grande partie, des diplômes et s'accompagner d'un parcours de formation en rapport avec l'expérience du candidat.
Le programme d'expérimentation lancé par Promofaf, l'Association française des organismes de formation et de recherche en travail social et le Groupement national des Instituts du travail social devrait nous faire avancer dans les discussions. D'autant que la direction générale de l'action sociale, tout comme la délégation générale à l'emploi et à la formation professionnelle, fait partie du comité de pilotage. En effet, le 19 décembre, les trois organisations ont lancé une expérience nationale de VAE appliquée au diplôme d'Etat d'éducateur spécialisé. La première phase, qui s'achève en juin, va permettre de construire des instruments adaptés à ce diplôme grâce à la réalisation d'un référentiel des activités et des compétences, d'un référentiel de certification et d'un protocole d'accompagnement des candidats. Au cours de la seconde phase prévue de septembre à juin 2003, il s'agira d'élargir l'expérience afin de bâtir un dispositif de soutien de la VAE pour l'ensemble de la branche professionnelle. Propos recueillis par Isabelle Sarazin
(1) Voir ASH n° 2242 du 21-12-01.
(2) Par ailleurs président de Promofaf - Snasea : 27, avenue Parmentier - BP 54 - 75521 Paris cedex 11 - Tél. 01 43 14 89 00.