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Paulette Guinchard-Kunstler : « Une formidable opportunité »

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En tant que secrétaire d'Etat aux personnes âgées, qu'attendez-vous de la mise en place de l'APA ?

- Sur les 800 000 personnes âgées en situation de perte d'autonomie qui devraient bénéficier de ce nouveau droit dans les trois ans, 560 000 pourront rester à leur domicile dans de meilleures conditions, avec une aide adaptée. C'est un formidable progrès social, qui aura en outre une incidence heureuse en matière d'emploi et d'aménagement du territoire.

Pourquoi lancez-vous une campagne nationale de communication sur l'APA (1)  ? Les départements n'en feraient-ils pas assez ?

- Les personnes âgées ont encore besoin d'être rassurées et convaincues qu'elles ont acquis un droit, pas une aide qui donnera lieu à récupération. Et puis, il n'y a pas de raison que sur cette mesure mise en place par le gouvernement, seuls les conseils généraux communiquent... En tout cas, si j'en juge par l'importance prise par la nouvelle allocation à la “une” des journaux départementaux, ils ont bien compris l'enjeu de la nouvelle compétence qui leur a été confiée.

Au prix, selon eux, de quelques points d'impôts locaux supplémentaires...

- Il faut faire la part du discours politique de façade et de la réalité. Sur le fond, nul ne conteste l'intérêt de la loi. La prestation spécifique dépendance [PSD] a été un véritable recul, tout le monde en convient. Si on en était simplement resté à la situation antérieure, les départements auraient dû faire face, seuls, à une augmentation encore plus importante de l'allocation compensatrice pour tierce personne [ACTP], alors qu'avec l'APA ils bénéficient d'une intervention de la solidarité nationale.

D'ailleurs, si les hypothèses de montée en charge progressive du dispositif se vérifient, l'APA ne devrait rien coûter de plus aux départements en 2002, compte tenu de sa substitution aux dépenses de PSD et d'ACTP et de l'apport du Fonds national de financement. Par contre, la charge sera supérieure à partir de 2003, mais pour une utilité sociale évidente dont ils auront aussi le crédit.

Certains départements sont-ils tentés de traîner les pieds ?

- Quelques-uns, peut-être. Mais ils font une erreur. On ne fait pas de politique sur le dos de personnes en difficulté. La grande majorité des conseils généraux s'est activement saisie de cette nouvelle responsabilité. Pour faire face à la croissance rapide des dossiers, mais aussi pour structurer l'offre de services. Une période d'expérimentation est ouverte, durant laquelle les départements disposent d'une formidable opportunité pour nouer des relations solides entre les différents intervenants et faire évoluer la quantité, la qualité, la pertinence et la diversité de l'offre de services. Les leçons en seront tirées dans deux ou trois ans et je ne désespère pas de voir s'échafauder une convention tripartite entre l'Etat, les départements et les services prestataires.

Des partenaires continuent de regretter la non-institution du « 5e risque ». Qu'en pensez-vous ?

- Mais le 5 e risque, nous l'avons !L'allocation personnalisée d'autonomie, tout le monde y a droit, elle est égale sur tout le territoire et ne relève plus de l'aide sociale. La seule différence, c'est qu'elle n'est pas mise en place par la sécurité sociale. Mais c'est la gestion de proximité qui fera la réussite du dispositif.

... …  Je suis élue régionale et j'ai vu comment les choses ont bougé quand la responsabilité des lycées a été confiée aux régions. Alors, certes, des différences peuvent s'instituer d'un département à l'autre. Mais le système de santé est géré au plan national et cela n'empêche pas les inégalités entre le Nord et la Côte-d'Azur.

Nous sommes devant un immense chantier, celui de la mise en place d'une véritable politique gérontologique face au vieillissement de la population et à la perte d'autonomie d'un nombre croissant de personnes. L'allocation personnalisée d'autonomie peut, à cet égard, servir de détonateur. Mais il s'agit sans doute d'un chantier de dix ans. Regardez le temps qu'il a fallu pour mettre en place une politique de la petite enfance ou du handicap. Sur le problème du vieillissement, la réflexion et la recherche ont commencé il y a une quinzaine d'années seulement. Nous vivons une période passionnante d'innovation quant aux méthodes d'accompagnement ou de prise en charge. Il est temps que la société - et les personnels eux-mêmes qui, souvent, doutent d'eux - se persuadent que s'occuper des personnes âgées est un vrai métier, une responsabilité essentielle à la qualité de la vie et à la cohésion de la société.

Vous poussez à la professionnalisation de l'aide à domicile. Mais le premier obstacle ne réside-t-il pas dans la très faible rémunération des personnels ?

- Les départements qui expérimentent les conventions ont aussi l'initiative en la matière. Ils peuvent envisager d'autres formes de rémunération, éventuellement différencier les coûts selon les types d'intervention, leur technicité, leur pénibilité, leur degré de responsabilité. Les politiques ont compris, je crois, qu'ils devaient avancer sur ce terrain. L'intégration des services d'aide à domicile dans le périmètre de la « loi de 1975 » va aussi conduire à revoir les questions de tarification (2).

Avec la négociation en cours d'une convention collective unique pour la branche de l'aide à domicile (3) , les partenaires sociaux ont également une belle opportunité pour faire bouger les grilles de salaires et améliorer les évolutions de carrière. La loi a rendu la convention opposable aux financeurs dès lors qu'elle sera agréée. A eux de jouer maintenant.

Propos recueillis pas M.-J. M.

Notes

(1)  Voir ASH n° 2242 du 21-12-01.

(2)  Voir ce numéro.

(3)  Voir ce numéro.

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