Après les incidents survenus le 25 décembre, lorsque près de 500 clandestins ont tenté, en deux vagues successives, de pénétrer dans le tunnel sous la Manche et bloqué la circulation des trains pendant toute une nuit, des voix se sont de nouveau élevées pour demander la fermeture du centre d'accueil de la Croix-Rouge à Sangatte (Pas-de-Calais). Pour Eurotunnel, la présence de ces hangars où sont abrités les postulants au passage vers la Grande-Bretagne est une « véritable provocation » . Le maire PS de Sangatte (800 habitants) a joint cette fois sa voix à celles des partisans de la fermeture au motif qu' « une agressivité et une violence nouvelles apparaissent chez les réfugiés du camp ».
La Croix-Rouge a précisé, dans un communiqué publié le 27 décembre, que la présence des « clandestins » n'a « entraîné aucune recrudescence d'actes de délinquance dans la région », ajoutant que « les rixes qui se sont produites à l'intérieur du centre n'ont entraîné aucun mort ni aucun blessé grave ». Il reste que les conditions de vie à l'intérieur de ce camp de 700 places, créé il y a deux ans à la demande des ministères de l'Intérieur et de la Solidarité, s'aggravent. Le 27 décembre, on y dénombrait 1 485 personnes, dont 300 jeunes de moins de 20 ans qui estiment « n'avoir rien à perdre », selon Michel Mériaux, directeur adjoint du centre. En deux ans, la durée moyenne du séjour des réfugiés (dont 85 % de Kurdes irakiens, d'Afghans et d'Iraniens) est passée de 15 jours à six semaines. Or les installations n'offrent que 20 cabines chauffées et 14 douches. Les repas sont fournis en quantité suffisante (au prix de longues queues) mais pas les vêtements de rechange... Pour autant, la fermeture du centre « ne résoudrait en rien les problèmes de nature politique que pose l'afflux constant des réfugiés », juge la Croix- Rouge qui en appelle à la responsabilité des pouvoirs publics des deux côtés de la Manche.