Qui s'interroge sur le sens de l'acte en travail social et la place des intervenants sociaux pourra se plonger avec intérêt dans ce recueil de textes ou de lettres, écrit au fil de sa pratique par Martine Fourré. Dans cet essai, tout au long de ses réflexions, cette psychanalyste et permanente de Lieu d'accueil nous entraîne dans sa quête vers la conceptualisation de « l'objet relationnel » du travail social. La demande de l'usager recouvre-t-elle un besoin à combler par une réponse technique ou appelle-t-elle au désir du sujet qui ne peut émerger que dans l'espace de la rencontre ? Qu'est-ce alors que la compétence en travail social ? Si ce n'est « faire du “rien” », « trouver le mot juste, laisser la parole au sujet », et sans doute accepter finalement son impuissance à assouvir chez l'autre son désir d'être heureux.
Invitant à rompre avec le sentiment de culpabilité des travailleurs sociaux, qui se sentiraient en quelque sorte responsables par leur incompétence de la violence des usagers, l'auteur réintroduit au contraire la notion de la limite de l'acte. Défendant l'idée d'une profession « où l'impuissance du praticien marque le seuil de liberté qu'il offre au sujet pour accepter de faire son propre bonheur parmi et avec les autres ». A l'heure des discours sur l'évaluation et la qualité du service rendu, cet ouvrage a le mérite de revenir, par le détour de la psychanalyse, à l'essence même du travail social, à savoir ce qui se joue dans le mystère de la relation à l'Autre.
I. S. L'Acte du praticien et les politiques sociales - Martine Fourré -EFEdition : 6, rue Fizeau - 75015 Paris -Tél. 01 45 30 21 78 -19 € .