En se voulant « didactique et pragmatique », à la veille d'un « débat électoral dans lequel la santé représente un enjeu majeur », la Fédération hospitalière de France (FHF) (1) formule dix orientations pour l'avenir de l'hôpital public et développe longuement, dans un texte adopté le 4 décembre, ses objectifs pour le secteur sanitaire, social et médico- social.
Souhaitant pour l'ensemble des établissements un statut juridique rénové, permettant « réactivité » et « souplesse », la fédération veut aussi les voir fonctionner sur la base de « contrats de gestion ou de mission », fondés sur « la confiance, l'engagement et la responsabilité des acteurs ». Dans le cadre d'un nouveau système de financement, la FHF demande entre autres que l'engagement dans les réseaux de soins, de prévention et d'éducation pour la santé soit encouragé. Et cela, au sein de schémas régionaux, dont l'unité de base devrait être le « bassin de population ».
Pour « surmonter les difficultés liées à la séparation du sanitaire et du social », la fédération propose l'approfondissement de la coordination des interventions, « notamment pour les personnes prises en charge au moyen et long cours », et particulièrement pour celles qui souffrent de troubles psychiques ou de handicaps, quel que soit leur âge. Les politiques publiques en faveur de ces catégories font d'ailleurs l'objet de développements propres.
La politique de santé mentale, « l'une des préoccupations majeures » de la santé publique, dont « l'évolution reste inachevée », doit répondre à une attente de plus en plus diversifiée, qui témoigne d'une modification « profonde et positive des mentalités » à son égard. Les réponses sont cependant insuffisantes, analyse la FHF, à cause des inégalités géographiques et sociales dans l'accès aux soins, de « la réduction un peu trop rapide des capacités d'hospitalisation », de l'insuffisance des moyens adaptés à des prises en charge innovantes et de la crise des démographies professionnelles. Face à cette situation, la fédération demande une loi de programmation pour cinq ans, adaptée aux situations régionales, articulée aux autres dispositifs sanitaires et sociaux et assortie du financement des investissements nécessaires pour adapter, moderniser et humaniser l'offre de soins. La fédération appelle également une politique volontariste de détection et de traitement précoces des troubles psychiques grâce au déploiement des services de pédopsychiatrie, la prise en compte des soins de suite et de réadaptation, une organisation fédérative des services dans l'espace des bassins de vie, enfin un aménagement des règles d'attribution de ressources aux patients permettant d'éviter les ruptures avant ou après un passage en hôpital ou en établissement.
Pour ce qui est du handicap, la FHF propose de « reconnaître un droit à la compensation indifféremment de l'âge ». Pour surmonter la « dimension artificielle » du « couperet des 60 ans » ou la différence de traitement entre accidents de naissance et accidents de la vie, il faut désormais « penser la prise en charge de la personne handicapée tout au long de la vie afin d'éviter les effets délétères du cloisonnement des systèmes de décision et des dispositifs de financement qui en découlent ». Cette prise en charge suppose d'abord des institutions adaptées en nombre suffisant et de meilleurs outils de connaissance des besoins de soins et d'accompagnement. Elle repose aussi sur des démarches contractuelles entre les différents intervenants et sur une action régulée à l'échelle des bassins de vie.
Pour les personnes âgées, la FHF demande d'abord un texte d'orientation qui fournisse la « référence stratégique » qui lui semble faire défaut. Elle propose une clarification des missions et des compétences des lieux de soins et des lieux de vie et la définition d'une palette graduée et évolutive des prises en charge. Elle insiste notamment sur la création de consultations gérontologiques dans cha- que bassin de vie, de structures d'hospitalisation de jour, de lits d'hébergement temporaire ou de lits de soins de suite polyvalents, avec l'objectif de favoriser au maximum le maintien ou le retour dans le milieu naturel de vie et d'éviter l'engorgement des services d'urgence. Appelant aussi de ses vœux un développement de la formation initiale ou continue en gériatrie et en réadaptation, elle soutient la création d'une véritable filière professionnelle de l'aide à domi- cile.
(1) FHF : 33, avenue d'Italie - 75013 Paris - Tél. 01 44 06 84 44.