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« La RTT est la goutte d'eau qui fait déborder le vase »

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Depuis deux mois, les travailleurs sociaux de l'administration pénitentiaire sont mobilisés massivement contre le projet de réduction du temps de travail  (RTT) de la chancellerie. Un mouvement qui traduit le malaise de la professsion. Le point avec Michel Flauder, secrétaire général adjoint du Syndicat national de l'ensemble des personnels de l'administration pénitentiaire  (Snepap) -FSU (1).
La mobilisation actuelle est la plus forte depuis dix ans (2). Pourquoi ?

C'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Depuis dix ans, un empilement de réformes a fortement dégradé les conditions de travail des travailleurs sociaux de l'administration pénitentiaire. Résultat : le service public qu'ils rendent n'est pas à la mesure de ce que l'usager est en droit d'attendre. Parmi ces réformes, citons celle des services pénitentiaires d'insertion et de probation  (SPIP), qui devait améliorer le fonctionnement des services mais a eu l'effet inverse faute de moyens suffisants. La loi sur la présomption d'innocence - notamment son volet concernant les aménagements de peine - a également entraîné un accroissement phénoménal de la charge de travail, avec une procédure alourdie. Depuis une dizaine d'années, d'ailleurs, on multiplie les procédures, au détriment du travail relationnel. Aujour- d'hui, les travailleurs sociaux constatent que le projet de RTT qu'on leur propose ne va faire qu'empirer les choses. Pour résumer, l'objectif du ministère est, d'une part, de faire passer à la trappe les jours de congés compensateurs, obtenus dans les années 60 en reconnaissance de la spécificité du milieu d'intervention et du public suivi. D'autre part, aucune création d'emplois n'est prévue.

Comment expliquez-vous cela ?

Il existe un réel fossé entre le discours sur l'insertion au ministère et les moyens donnés. Il est toujours facile de parler d'insertion : peu de monde va voir dans les prisons si les dispositifs sont appliqués. Tandis qu'une évasion est toujours très visible… La France a l'un des plus faibles taux d'encadrement des personnes sous main de justice par des travailleurs sociaux en Europe. Un peu plus de 2 000 de ces professionnels ont à accompagner 200 000 personnes (3).

Que pensez-vous de l'avant- projet de loi pénitentiaire (4)  ?

Celui dont nous avons eu connaissance comporte seulement quelques lignes sur les SPIP, concernant le suivi de « contrats de mobilisation » destinés aux détenus qui ne travaillent pas et assortis du versement d'une allocation. Ce dispositif risque d'entraîner les même travers que le revenu minimum d'insertion : conclure des contrats et verser l'aide afférente sera très simple, vérifier leur réalisation sera une autre histoire. Par ailleurs, depuis le début du débat sur ce texte, la mission d'insertion du surveillant a été le grand credo du ministère. C'est un non-sens. Certes, le surveillant a une mission énorme de resocialisation. Mais de là à glisser jusqu'à l'insertion… Cela demande une technicité qu'on n'acquiert pas avec huit mois de formation… D'une façon générale, les options du projet sont de la pure science-fiction au regard des capacités actuelles de l'administration pénitentiaire.

Où en est la réforme des statuts des personnels des SPIP ?

La direction de l'administration vient de lancer une réflexion sur le sujet. Nous attendons des propositions rapides, notamment la reconnaissance de la technicité de notre filière et l'inscription de tous les travailleurs sociaux de l'administration pénitentiaire dans la catégorie A. Nous voulons aussi pour les chefs de service d'insertion et de probation et les directeurs de SPIP un statut correspondant à leurs responsabilités. On pourra ainsi attirer du personnel dans ce corps où le recrutement est devenu impossible : une cinquantaine de postes sont ouverts par an ; seulement une vingtaine de personnes sont en formation… Propos recueillis par Céline Gargoly

Notes

(1)  Snepap-FSU : 25-27, rue de la Fontaine-au-Roi - 75011 Paris - Tél. 01 40 21 76 60.

(2)  Selon la direction de l'administration pénitentiaire, 70 % des services d'insertion et de probation étaient en mouvement à la mi-novembre. Le personnel de l'administration pénitentiaire n'ayant pas le droit de grève, la mobilisation se traduit par des actions ponctuelles (manifestations...) et un service minimum.

(3)  50 000 détenus et 150 000 personnes bénéficiant d'une mesure de milieu ouvert : libération conditionnelle, sursis mise à l'épreuve, travail d'intérêt général.

(4)  Finalisé hier avec la dernière réunion du comité d'orientation stratégique.

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