« Colère », « révolte », « mépris » : les adhérents de l'Union nationale des associations de soins et services à domicile (Unassad) (1) étaient plutôt remontés lors de leur congrès, organisé à Clermont- Ferrand les 8 et 9 novembre. Leur présidente, Christiane Martel, parle d'une « profession sinistrée », qui a « dépassé le s limites de la patience ». « Notre pays se déshonore en acceptant de se défausser sur des personnes mal payées pour s'occuper des plus faibles », ajoute-t-elle. Qu'il s'agisse des salaires des aides à domicile (avec une grille qui les maintient 16 ans au SMIC), de l'absence d'indemnité kilométrique ou de l'application de la réduction du temps de travail, les congressistes attendaient des « décisions franches ». Ils ne les ont pas obtenues sur le champ, d'où l'accueil plutôt froid réservé à Elisabeth Guigou et la « déception » exprimée après son intervention.
La ministre de l'Emploi et de la Solidarité a cependant reconnu avoir « mal estimé l'augmentation nécessaire » de la participation financière de la caisse nationale d'assurance vieillesse (CNAV) pour permettre le passage aux 35 heures. Elle a assuré qu'elle mettrait tout son poids pour que le prochain conseil d'administration, prévu le 6 décembre, augmente sa prise en charge. Pour sa part, l'Unassad estime que la majoration de 4,90 F décidée en juillet devrait se situer entre 7,50 F et 8,50 F. « Il faut que les 500 millions de francs nécessaires soient effectivement débloqués, sans se perdre dans les sables mouvants de nouvelles expertises, ni renvoyer les solutions au jeu du chat et de la souris entre la CNAV et les ministres de tutelle », insiste Emmanuel Verny, directeur général de l'association.
La ministre a convié l'ensemble des fédérations du secteur pour en débattre, la réunion devant avoir lieu dans les deux semaines afin d'aboutir à une position « actée par toutes les organisations ». Elle a par ailleurs confirmé la publication très prochaine du décret réformant le certificat d'aptitude aux fonctions d'aide à domicile, appelé à devenir un diplôme d'Etat d'auxiliaire de la vie sociale, et s'est montrée favorable à l'harmonisation des conventions collectives du secteur.
Toutes les parties en conviennent : la prochaine mise en place de l'allocation personnalisée d'autonomie entraîne une forte implication des services d'aide à domicile. Et cela passe par une meilleure reconnaissance professionnelle et sociale des aides à domicile elles-mêmes. Reste à progresser rapidement sur les voies et les moyens.
(1) Unassad : 108/110, rue Saint-Maur - 75011 Paris - Tél. 01 49 23 82 52.