Le plan était attendu depuis longtemps, et il n'a pas déçu les acteurs associatifs du secteur de la santé mentale. Les mesures annoncées le 14 novembre par le ministre délégué à la santé, Bernard Kouchner (1) constituent « un premier pas », estime Jean Canneva, président de l'Union nationale des amis et familles de malades mentaux (Unafam) (2), qui se réjouit qu' « une partie du message » du livre blanc qu'elle a rendu public en juin avec sept autres organisations (3) ait été entendu. « Notre position est que l'on n'a pas le droit d'abandonner les malades psychiques dans la nature, qu'il faut les accompagner, et de façon spécifique étant donné la variabilité de leur handicap. Ce plan est un début », poursuit Jean Canneva.
L'Unafam, cependant, entend bien continuer à mener un travail collectif avec les élus- « car 90 % des patients sont dans la cité » - et les professionnels pour « offrir un accompagnement humain à ces gens très fragiles ». Et « surveiller de très près » les moyens qui vont être mis en place pour la réalisation, sur le terrain du plan Kouchner.
La Fédération française de santé mentale (FFSM) (4) estime, de son côté, par la voix de son président, Roland Broca, que ce projet est « probablement le plus novateur depuis 50 ans, c'est-à-dire depuis la sectorisation psychiatrique ». Au chapitre des innovations les plus importantes, selon la fédération, la participation des malades mentaux eux-mêmes à l'élaboration de la politique de santé mentale. « Cela va avoir un effet révolutionnaire sur les pratiques des soignants. Le dispositif de prise en charge psychiatrique a été jusque-là fondé sur la préservation de l'ordre public. D'où un système coercitif qui imprègne les pratiques. Donner la parole aux usagers, c'est quitter la coercition », explique Roland Broca.
Autre aspect important du plan, pour la FFSM, l'accent mis sur le travail en réseau. « Mais il ne se décrète pas et suppose de donner une formation commune transdisciplinaire à tous les acteurs impliqués dans les actions de santé publique et de santé mentale », relève son président. Sans quoi, pas de « partenariats authentiques » ni de « prise en charge globalisée de la personne ».
(1) Voir ce numéro.
(2) Unafam - 12, villa Compoint - 75017 Paris - Tél. 01 53 06 30 43.
(3) Voir ASH n° 2218 du 8-06-01.
(4) FFSM : 29, avenue Rapp - 75007 Paris - Tél. 01 45 51 42 96.