Le nombre de situations de pauvreté rencontrées dans les lieux d'accueil du Secours catholique a baissé de 5 % en 2000 par rapport à l'année précédente. Selon le bilan annuel de l'association (1), ce sont donc 670 000 situations de détresse - concernant 1,5 million de personnes - qu'ont eu à connaître ses 900 salariés et ses 72 000 bénévoles.
Parmi les principaux enseignements tirés de ces statistiques : en dépit de la baisse significative des situations traitées, que le Secours catholique attribue à la fois à la reprise économique et à la mise en œuvre de la loi contre les exclusions, « le durcissement de l'exclusion se confirme et s'ancre dans notre pays », insiste Gilbert Lagouanelle, directeur du pôle action institutionnelle. Ainsi, « phénomène le plus marquant », la proportion de personnes sans ressources est passée de 13 à 16 % en un an (2). Elles sont particulièrement nombreuses parmi les moins de 25 ans : 55 % de ceux qui vivent seuls n'ont aucun revenu. D'où les fortes attentes du Secours catholique à l'égard de la Commission nationale pour l'autonomie des jeunes, qui devrait commencer ses travaux dans les jours qui viennent (3).
Par ailleurs, le revenu mensuel moyen des personnes disposant de ressources n'est que de 4 200 F (640 €). « De plus, celles qui ne vivent que du revenu de leur travail [11 %] ont un revenu à peine égal à celui des personnes qui ne vivent que des transferts sociaux [42 %]. »
Autre tendance pointée dans ce bilan, le recul -léger - de la proportion de personnes ou de familles ayant des impayés : 69 % en 2000, contre 71 %en 1999. Parmi ces publics, 60 % ont des dettes liées à des dépenses de base telles que l'eau, l'énergie et le loyer. Mais 9 % des impayés- surtout ceux des familles avec enfants - comportent des crédits à la consommation. L'association ne manque pas de stigmatiser les « prêteurs de crédits » qui « abusent des plus faibles ». Il est vrai que la dette moyenne avec crédit à la consommation atteint la somme de 20 000 F (3 049 €), mais 8 400 F (1 281 €) dans les autres cas. A noter la hausse des impayés liés aux téléphones portables.
Le Secours catholique a également choisi de mettre l'accent cette année sur l'extension de la solitude et de l'isolement. Entre les deux recensements de 1990 et 1999, le nombre de ménages de une personne est passé de 27 à 31 % de la population. Dans le même temps, la proportion de personnes seules accueillies par l'association progressait de 39 à 44 %. « L'isolement est un facteur de fragilité », souligne l'organisation :28 % des personnes seules se déclarent sans ressources, contre 16 % de l'ensemble des publics reçus.
Confrontés à l'isolement et à la pauvreté, les hommes et les femmes adoptent des comportements différents. « A âge et condition familiale identiques, et donc à droits identiques, hommes et femmes n'ont pas les mêmes ressources », relève l'association. Ainsi, 66 % des garçons de moins de 25 ans sont sans ressources, contre 40 % des filles. Les hommes seuls- globalement deux fois plus nombreux que les femmes seules malgré des nuances fortes selon l'âge - « semblent tolérer bien mieux que les femmes la pauvreté, du moins au point de ne faire appel qu'en cas de dénuement total aux services sociaux et aux associations ; les démarches semblent les décourager d'avance, alors que les femmes semblent mieux accéder à l'ensemble de leurs droits », précise le Secours catholique. Qui ajoute : « On peut aussi se demander si les associations et les services sociaux accordent la même attention aux hommes seuls qu'aux femmes[...]. »
Enfin, le sort des personnes de nationalité étrangère « s'est aggravé en un an » : 39 % de celles accueillies en 2000 par l'organisation étaient en attente de statut, contre 30 % en 1999. « Cette situation est intolérable et indigne. Elle déstabilise les personnes, précarise leur quotidien, cautionne les filières illégales qui abusent d'elles », s'insurge l'association (4).
C. G.
(1) Disp. au Secours catholique : 106, rue du Bac - 75007 Paris - Tél. 01 45 49 73 00. Il peut également être commandé sur le site
(2) Voir ASH n° 2189 du 17-11-00.
(3) Voir ASH n° 2231 du 5-10-01.
(4) Le Secours catholique s'est joint, le 30 octobre dernier, à la journée d'action interassociative qui portait notamment sur « un réel droit d'asile en France » - Voir ASH n° 2235 du 2-11-01.