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Les associations de solidarité entrent dans un deuxième siècle d'activité

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Alors que, un peu partout en France, on continue à célébrer le centenaire de la loi de 1901, les associations du secteur sanitaire et social doivent relever « le défi d'un nouveau pacte associatif, où bénévoles, salariés et bénéficiaires sont acteurs », estime Daniel Hardy, président de l'Uriopss de Bretagne.

« Le parti politique, le syndicat et l'association constituent les trois piliers de la démocratie et le droit fondamental de la liberté de s'associer figure dans la Constitution française.

De la culture aux sports, en passant par l'éducation, les droits de l'Homme, l'environnement, la solidarité et l'action sociale, les associations poursuivent un nombre infini de projets irriguant la société civile. Elles sont les lieux de la liberté d'expression citoyenne, de l'exercice de la responsabilité, de l'initiative, de la créativité et l'épicentre de la démocratie de proximité.

Aujourd'hui, un profond malaise envahit la famille des associations de solidarité du secteur sanitaire et social.

Trois causes majeures peuvent l'expliquer.

La dépendance et l'encadrement économique qui les étreignent en font d'abord des gérantes. Elles consacrent une formidable énergie à cette fonction, au risque de se voir détournées de la philosophie qui anime leur action. Le carcan et la complexité de l'arsenal juridique et réglementaire constituent la deuxième raison. Les contrôles toujours plus rigoureux et la responsabilité pénale des bénévoles garants des associations expliquent, pour une part, la grave crise de l'engagement qu'elles rencontrent. La dernière cause est d'origine identitaire : liée aux deux autres, elle tient à la manière dont les pouvoirs publics les malmènent ou les instrumentalisent.

Face à ce malaise, les associations du secteur sanitaire et social ont un défi à relever. S'il diffère de ceux qu'elles ont surmontés depuis 100 ans, il s'inscrit dans la continuité et la cohérence de leur mission.

Un retour en arrière s'impose pour mesurer l'importance de l'enjeu actuel.

Pour éclairer et comprendre le changement de la place et des responsabilités des acteurs bénévoles aujourd'hui, il faut retracer l'évolution de la place des personnes au centre des projets associatifs et du processus de professionnalisation des acteurs salariés.

Depuis l'origine, la mission des associations du secteur sanitaire et social s'inscrit dans l'action tournée vers les personnes malades, en situation difficile, d'exclusion ou de handicap. Elle est passée de la charité, la bienfaisance et la bonne volonté à un système d'assistance puis de prise en charge des personnes. Les concepts d'accompagnement individualisé et d'accueil apparurent dans les années 80 et, en 2001, le principe du contrat domine les relations avec les usagers.

Le sens  et le style de l'action sociale ont évolué

Cette profonde mutation accélérée par l'affirmation des droits de ceux-ci ne peut que s'accompagner d'un réexamen du rôle et de la place de chacun dans l'association et son projet.

Peut-on encore parler des exclus, des plus fragiles, des plus faibles ou des démunis sans porter atteinte au respect de la dignité des citoyens en difficulté ?

Cette évolution du sens et du style de l'action sociale s'est accompagnée de la professionnalisation des personnels salariés, toujours plus nombreux et aux métiers toujours plus divers. Le modèle médical domine durant la première moitié du XXe siècle. Les infirmières visiteuses précéderont les assistantes sociales. Après 1945, période de reconstruction de la société civile, les mouvements d'éducation populaire se mobilisent et la reconversion de l'engagement militant de la période de guerre et de la Résistance aboutit à la création du métier d'éducateur spécialisé. Dans les années 50, se créent les premières associations de familles d'enfants inadaptés.

A partir de 1970, les politiques publiques réglementent, organisent et contrôlent la professionnalisation. La décentralisation et la lutte contre l'exclusion dans la décennie 80 conduisent au développement de profils d'emplois et d'activités peu formalisés au plan statutaire et réglementaire. Les métiers de l'animation socio-culturelle se revitalisent, c'est aussi le développement de l'aide à domicile et de l'accueil des personnes âgées s'accompagnant de la création de nouveaux métiers.

Enfin, les récentes négociations consécutives à la mise en œuvre de la loi sur les 35 heures ont révélé les difficultés du dialogue social au sein des associations. Elles confirment la nécessité, qu'en tant qu'employeurs, celles-ci doivent rechercher un dialogue constructif.

L'association doit garder son âme

Dans ce contexte, le vrai défi que nos associations doivent relever est bien celui de la construction d'un nouveau pacte associatif rassemblant tous les acteurs :bénévoles, professionnels, salariés, personnes accueillies ou accompagnées. Il conciliera le respect des droits et la dignité des citoyens en difficulté - malades, âgés, en situation de handicap ou d'exclusion - avec l'application des droits légaux et conventionnels des salariés, dans un encadrement économique rigoureux.

Le renouveau associatif réclame que chacun des acteurs soit considéré et reconnu comme une personne de ressource. Le pouvoir dans une association n'est pas réglé par l'apport d'un capital. La richesse de l'association est liée au projet de mutualisation des idées, des compétences, des savoir- faire de tous dans l'égalité de droit, pour permettre la fraternité dans la liberté.

L'association doit garder son âme. Elle se doit de ne pas devenir uniquement un instrument de gestion ou d'être récupérée par le service public. L'alchimie entre travail des bénévoles et des professionnels représente une richesse que seul le monde associatif est aujourd'hui en mesure de proposer. L'acte gratuit doit bien sûr rester la règle pour les bénévoles. Mais ils doivent y associer la maîtrise de savoir-faire et poser un regard différent sur la personne accueillie.

Les exigences et la complexité des associations de l'univers social expliquent sans doute les difficultés actuelles à trouver des personnes prêtes à s'impliquer. Ce constat tient du paradoxe quand, dans le même temps, le nombre de bonnes volontés à s'intéresser aux associations et vouloir y agir n'a jamais été aussi important, notamment avec les jeunes.

Alors, nos associations ont assurément à restaurer- ou créer - des relations humaines communautaires différentes de celles, consuméristes et individuelles, dominantes dans la société d'aujourd'hui. Un mouvement nouveau se dessine en ce début de siècle, qui va dans le sens d'un épanouissement hors du schéma classique de la reconnaissance par le travail.

La moyenne d'âge des militants associatifs du secteur sanitaire et social et la pyramide des âges de ses professionnels révèlent d'inévitables changements d'acteurs dans les prochaines années. La formation et les compétences de ceux en place et à venir devra intégrer le “savoir construire ensemble” et le “faire avec les autres”. Dans ce domaine notamment, le travail réalisé par l'Union régionale interfédérale des œuvres et organismes privés sanitaires et sociaux (Uriopss) de Bretagne s'avère essentiel. Il aboutit à fédérer toutes les énergies et mettre en œuvre un maximum de compétences.

Le sociologue Roger Sue expliquait récemment que “seul le capital humain permet à une entreprise de vivre. Et où produit-on cette ressource sinon dans les associations.” De grandes entreprises l'ont compris. Leurs directeurs des ressources humaines ont stoppé les formations managériales et demandé aux salariés dans quelles associations ils voulaient faire du bénévolat et les y envoient. “Les salariés importent dans leur entreprise l'esprit d'équipe découvert dans l'association. Et ça fait gagner l'entreprise. A tous les coups.”

Une belle reconnaissance pour le travail des associations. Et une raison supplémentaire pour relever le défi du nouveau siècle. »

Daniel Hardy Président de l'Uriopss de Bretagne 203 G, Avenue Patton - 35016 Rennes cedex Tél. 02 99 87 51 52.

TRIBUNE LIBRE

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