L'an dernier, nous fonctionnions de façon informelle, par délégations. Il était difficile, dans ces conditions, d'avoir notre indépendance. Nous n'avions pas de compte en banque pour recevoir des financements. Le ministère nous demandait : « A qui parle-t-on ? ». Et lorsque nous avons voulu siéger au Conseil supérieur du travail social, on nous a répondu que c'était impossible puisque nous n'avions pas de représentation juridique... Pour toutes ces raisons, nous avions besoin de créer une association. Mais celle-ci n'est que transitoire. Elle sert à relancer le réseau qui s'est tissé l'année dernière et à organiser le débat sur la structure la mieux adaptée à la défense de nos dossiers de revendications : la lutte contre la précarité financière, la pénurie de stages, la place de nos professions dans le champ du travail social... En fait, nous nous donnons quelques mois pour préparer l'assemblée générale constitutive de la structure pérenne, qui aura lieu les 9 et 10 mars 2002 dans la région parisienne. Peut-être que les étudiants décideront, lors de cette assemblée, de lui donner la forme d'une fédération ou d'un syndicat... Quoi qu'il en soit, il faut une structure permanente multifilière, non seulement pour porter nos revendications, mais aussi pour favoriser les échanges entre étudiants et pour défendre et promouvoir les formations du travail social.
Des étudiants - assistants de service social, éducateurs spécialisés, éducateurs de jeunes enfants - de Montpellier, Strasbourg, Angers, Caen, Clermont-Ferrand et Paris étaient là. Mais nous disposons du réseau qui s'est forgé l'an dernier et nous avons des relations avec presque tous les centres de formation. Chaque ville présente lors de notre rencontre doit contacter les instituts d'un secteur défini. Nous engageons en fait chaque centre de formation à créer une section locale, avec une personne référente. Et nous allons lancer une campagne d'adhésions (3) en direction des personnes physiques et morales.
L'Association nationale des assistants de service social ne va pas bien (4). C'est, selon nous, le signe que les structures très centralisées ne fonctionnent plus et ne parviennent plus à mobiliser et à animer un débat collectif. D'où notre conviction qu'il faut revenir vers une mobilisation locale. Les étudiants, dans chaque centre de formation, doivent se réapproprier la réflexion, interpeller les pouvoirs publics locaux. Nous ne voulons pas mettre en place un carcan national, une structure pyramidale, mais partir des demandes des étudiants eux-mêmes. Nous ne pouvons pas préjuger de ce qu'elles seront, mais il nous semble, malgré tout, qu'il faut sortir des vieilles méthodes de mobilisation, comme les grands colloques à Paris, qui n'attirent plus grand monde. Les campagnes anti- mondialisation, par exemple, reflètent une autre façon de s'engager, mêlant le festif et la réflexion. Peut-être est-ce une piste que nous suivrons. Mais nous ne voulons pas d'un petit noyau surinvesti au niveau national face à une base difficilement mobilisable. En tout cas, de même que le travail social s'est décentralisé, les associations de travailleurs sociaux doivent le faire. Rien qu'au niveau des centres de formation, les réalités sont très différentes, en matière de frais d'inscription, de pédagogie, etc. Trouver un point commun n'est pas facile. C'est pour cela qu'il faut laisser l'organisation se construire au plan local. Propos recueillis par Céline Gargoly
(1) Son siège social se trouvera à l'IRTS de Montpellier : 1011, rue du Pont-de-Lavérune - 34070 Montpellier - Tél. 04 67 07 02 30. L'association dispose également d'un site Internet :
(2) Brice Mendes est joignable au 06 63 52 78 45.
(3) Le coût de l'adhésion est de 10 F (1,52 €).
(4) Voir ASH n° 2222 du 6-07-01.