« On nous demande de sécuriser les enfants mis à mal par la vie, alors que nous sommes nous-mêmes fortement insécurisées dans notre fonction », estime une assistante maternelle de l'aide sociale à l'enfance (ASE) à qui l'on vient d'enlever trois enfants difficiles pour ne lui en donner aucun autre. Parce qu'elle a été malade ?qu'elle a appelé à l'aide ? qu'elle a plus de 50 ans ? Elle ne sait...
Un exemple parmi d'autres des témoignages recueillis par la commission assistantes maternelles de la Fédération Force ouvrière des personnels des services des départements et des régions (1) en vue de dresser un véritable cahier de doléances d'une « profession maltraitée qui se bat pour un véritable statut ». Tout y passe, méthodiquement, exemples à l'appui. D'abord la totale précarité de l'emploi, l'aléa des revenus qui peuvent varier du simple au triple d'un mois à l'autre, l'inégalité des rémunérations entre départements, l'absence de majoration du travail des dimanches et jours fériés, la difficulté à récupérer les frais d'entretien ou à obtenir une aide en cas de maladie, le côté inquisitorial de la procédure d'agrément de certains services, le manque de respect de la vie privée, l'inexistence de contrat d'accueil et puis, ce temps de travail, indéfini, illimité. La fédération chiffre à 6 h 45 le temps d'accueil d'un enfant de 7 ans un jour d'école et à 13 h 30 le mercredi, et encore à 11 heures le temps d'accueil d'un petit de 33 mois non scolarisé.
Face à cela, l'organisation syndicale aligne tout aussi méthodiquement ses revendications et propositions : un SMIC mensuel dès le premier enfant accueilli, 112 heures de SMIC pour chacun des autres enfants, une rémunération d'attente correspondant aux deux tiers du salaire dès le départ d'un enfant, une indemnité d'accueil pour l'arrivée d'un nouvel enfant à titre permanent, une indemnité d'entretien homogénéisée par décret, le bénéfice des mêmes droits à congés que les autres agents non titulaires, la révision de la procédure d'agrément, sans renouvellement tous les cinq ans, la consultation ou l'information de l'assistante maternelle lors de toutes les décisions concernant l'enfant, enfin la création d'une commission de recours dans chaque département.
(1) FPSDR Force ouvrière : 46, rue des Petites-Ecuries - 75010 Paris - Tél. 01 42 46 50 52.