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L'islam des banlieues

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Voilà un ouvrage qui témoigne de la difficulté à aborder avec la bonne distance la question de l'islam en France. Dounia Bouzar est partie d'un fait divers : le 16 avril 2000, l'homicide du jeune Ryad, abattu par un policier à Lille, provoque la révolte des jeunes d'un des quartiers de la ville. Le mouvement a été calmé et régulé grâce à l'intervention du recteur de la mosquée, intermédiaire entre ces jeunes, les forces de l'ordre et les représentants de la municipalité. Aujourd'hui 50 000 jeunes - dont une majorité de filles - fréquenteraient les permanences sociales des associations musulmanes d'une dizaine de grandes villes en France. Comment expliquer que des jeunes en grande difficulté accordent à des prédicateurs musulmans le crédit qu'ils ont retiré aux travailleurs sociaux ? C'est la question que pose cette éducatrice à la protection judiciaire de la jeunesse. A partir d'interviews de jeunes, d'acteurs de terrain et de l'analyse de certains discours, elle défend l'idée que certaines interprétations de l'islam pourraient permettre de concilier origine étrangère et appartenance française.

Si cet ouvrage pose des questions de fond sur l'intégration et la laïcité, il bute néanmoins sur un obstacle de taille : Dounia Bouzar assoit la quasi-totalité de son raisonnement sur les discours de Hassan Iquioussen et Tariq Ramadan, dont les cassettes audio se vendraient à 100 000 exemplaires par an. Deux prédicateurs musulmans, très prisés par les jeunes, dont les discours - qu'elle cite abondamment - semblent révéler une interprétation de l'islam particulièrement ouverte. Du moins en apparence. Car on ne saurait ignorer la controverse autour de ces deux orateurs qui, de l'avis de certains spécialistes - notamment Michel Renard, directeur de la revue Islam de France  -, véhiculeraient, sous des apparences de modernité, un islam identitaire et politique.

Reste que les travailleurs sociaux ne doivent pas diaboliser la relation de certains jeunes en difficulté avec l'islam et, surtout, ne pas abandonner ces publics, comme l'explique d'ailleurs Dounia Bouzar. Sans toutefois ignorer les risques réels de récupération politique que font courir certaines personnalités ou organisations. Ce qui irait à l'inverse de l'objectif souhaité : une meilleure intégration de ces jeunes.

I. S. L'islam des banlieues - Les prédicateurs musulmans : nouveaux travailleurs sociaux ? - Dounia Bouzar - Ed. Syros -98,39 F (15 € ).

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