« L'affrontement », c'est celui des jeunes des cités avec la société et ses institutions. « L'esquive », c'est celle que pratiquent d'autres jeunes en s'adonnant « aux usages de drogues, aux violences à caractère sexuel et aux conduites de repliement ou de retrait ». Sociologue, chercheur au CNRS, l'auteur tente d'établir un lien entre ces différentes conduites, en s'appuyant sur les résultats de nombreuses enquêtes de terrain, menées dans plusieurs villes françaises (principalement Mantes, Amiens et Nantes, mais aussi Roubaix, Nîmes, Bordeaux). « Les fils qui lient l'explosion de cités, les violences sexuelles, les plongées suicidaires ou toxicomanes restent à démêler, reconnaît-il. Pourtant, on pressent que ces conduites ont certaines parentés, que les unes et les autres sont affectées par une même série d'aspirations et de contraintes. » Selon l'auteur, la violence des jeunes ne peut pas s'expliquer par les seules difficultés économiques ou le chômage. Les conduites délinquantes traduisent plutôt une « quête de reconnaissance dans une société compétitive et inégale ». Et Hugues Lagrange de conclure son ouvrage en ébauchant une réflexion sur « le lien entre le déficit d'avenir et le manque d'accomplissement des garçons, qui est un point commun à la délinquance, à la crise de masculinité à l'adolescence et aux nouveaux usages de drogues ». Les prémices d'une explication ?
J.-Y. G. De l'affrontement à l'esquive. Violences, délinquances et usages de drogues - Hugues Lagrange - Ed. Syros -144,31 F (22 €).