Jeune « soumis à l'orientation » vers le technique parce que l'école avait décidé qu'il ne pourrait poursuivre des études, technicien donc, puis enseignant ayant exercé notamment en zone d'éducation prioritaire (ZEP), Nestor Romero estime qu'il y a toujours eu deux écoles dans la République, y compris dans le projet de Jules Ferry. L'école des riches, qui ont le choix de leurs études et de leur vie, et celle des pauvres, orientés (au mieux) vers la qualification professionnelle. Dans ce plaidoyer militant, que certains pourront trouver manichéen, l'auteur mêle son expérience et tout ce que les études et statistiques constatent comme maintien de l'inégalité des chances. Pour lui, malgré les intentions louables et le supplément de moyens attribué (qu'il faudrait d'ailleurs relativiser), les ZEP ont échoué en ne faisant qu'entériner, pacifier et même renforcer les ghettos de pauvreté. Parce que les enseignants n'y sont pas des combattants volontaires de la transformation sociale et que la pédagogie cherche toujours à inculquer plus qu'à questionner. L'auteur propose donc de supprimer les ZEP pour promouvoir des établissements et des classes résolument hétérogènes, et d'y conduire un travail d'équipe au service d'une pédagogie active et d'une démarche de projet globale. Il appelle surtout les enseignants et les politiques à l'engagement pour une véritable démocratisation de l'enseignement.
M.-J.M. L'école des riches, l'école des pauvres. Les ZEP contre la démocratie - Nestor Romero - Ed. Syros - 15 € (98,40 F).