Où vont les métiers du social ? Face aux inquiétudes liées à l'arrivée des nouveaux intervenants, à la déqualification rampante dans le secteur, aux risques de pénurie des professionnels, la revue Informations sociales a décidé de faire le point sur le champ professionnel du travail social (1).
Sous la plume de sociologues, d'assistantes sociales, de différents responsables, elle s'interroge sur les identités professionnelles dans le contexte de la décentralisation et du discours « paradoxal » de l'Etat. Des identités pour le moins bousculées si l'on considère, comme le remarque Christine Garcette, directrice de l'Association nationale des assistants de service social, que les travailleurs sociaux se présentent désormais auprès de leurs collègues et du public en se référant davantage à leur appartenance institutionnelle ou à leur mission, qu'à leur titre professionnel.
Peut-on néanmoins parler de « nouveau travail social » et de « nouvelles professionnalités » ?, s'interroge le sociologue Michel Messu. Mettant en garde contre les discours faisant état de l'envahissement du champ par de « nouveaux » intervenants, le sociologue estime que celui-ci s'adapte plutôt à un contexte évolutif tout en gardant une relative permanence. Par exemple, les métiers canoniques du travail social restent la référence majeure à partir de laquelle se construisent les identités des « nouveaux » intervenants sociaux. Pour le sociologue, ce champ professionnel, « qui se caractérise par une grande capacité d'absorption et de formatage de ses agents », accomplit « une sorte de mue qui, comme toute mue, produit un autre qui est toujours le même ».
(1) « Les métiers du social » - Informations sociales n° 94 - CNAF : 23, rue Daviel - 75634 Paris cedex 13 - Tél. 01 45 65 52 52 - 30 F.