Plus d'une personne handicapée très dépendante sur deux a déjà eu besoin d'un accueil temporaire. C'est ce qui ressort d'une enquête menée pour le compte du Groupe de recherche et réseau pour l'accueil temporaire des personnes handicapées (GRATH) (1) au cours du premier semestre 2001. Après une première étude sur les initiatives des institutions et l'offre d'accueil temporaire (2), il s'agissait cette fois de préciser la demande, en cernant les besoins et les attentes des intéressés.
Sur l'échantillon des 2 600 réponses analysées, 70 % des personnes handicapées ont recours à une institution et/ou à une aide à domicile, mais pour une prise en charge qui ne dépasse pas 20 % du temps annuel.
C'est d'abord pour prendre des distances avec leur entourage que 52 % des personnes handicapées ont eu besoin d'un accueil temporaire : pour partir elles-mêmes en vacances (25 % des cas) ; pour soulager les aidants (18 %) ; pour faire face à un problème de santé (14 %) ou d'indisponibilité occasionnelle (11 %) de l'accompagnant ; ou en cas de crise dans la famille (4 %). L'accueil temporaire joue également un rôle important durant les périodes de transition : pour entrer ou sortir d'une institution, pour préparer la séparation d'avec la famille ou pour « anticiper le départ des aidants ».
Parmi les solutions déjà utilisées par le passé, les personnes interrogées ont eu recours à l'établissement habituel (37 %), à l'entourage (32 %), au milieu hospitalier (22 %), à une tierce personne (19 %). Une structure d'accueil temporaire n'a été utilisée que dans 13 %des cas, faute d'offre à proximité ou d'information.
Par ailleurs, 36 % des interrogés n'ont pas obtenu de réponse, par manque de place, de solution adaptée, ou trouvée en temps utile. Cette pénurie induit un isolement social pour la personne handicapée (28 % des opinions), une aggravation des troubles psychiques ou du comportement (20 %), mais aussi, pour l'entourage, une réduction de la vie sociale (48 %), une entrave dans la vie professionnelle (15 %), une dégradation de l'état de santé (21 %) ou de l'équilibre psychique (22 %), et même une hospitalisation (4 %).
La demande exprimée concerne autant le renforcement de l'aide à domicile, le développement de l'accueil en milieu ordinaire, l'aménagement des conditions de fonctionnement de l'institution habituelle que des possibilités d'accueil en établissement spécialisé ou adapté. « En tout cas, souligne le président du GRATH, Jean-Jacques Olivin, les réponses doivent être diversifiées, souples, réactives, et bénéficier d'un encadrement adapté. »
Pour sa part, Yann Rollier, directeur du Centre régional d'étude et d'action sur les inadaptations et les handicaps de Bretagne (3) qui a réalisé l'enquête, avance, en extrapolant ses résultats, une hypothèse chiffrée. Un département de un million d'habitants, où 3 200 personnes handicapées (enfants et adultes) seraient suivies ou accueillies selon les formes habituelles, devrait, pour répondre à la demande, prévoir de 75 à 80 places d'accueil temporaire (chacune recevant 4 ou 5 personnes par roulement). Soit 2,5 % du dispositif total.
(1) GRATH : BP 23 - 56440 Languidic - Tél. 02 97 65 12 34.
(2) Voir ASH n° 2137 du 15-10-99.
(3) CREAI de Bretagne : 61, rue Jean-Guéhenno - 35700 Rennes - Tél. 02 99 38 04 14.