Depuis l'explosion de l'usine chi- mique AZF, le 21 septembre, au sud de Toulouse, les intervenants sociaux sont mobilisés sur tous les fronts pour faire face à l'urgence. L'hôpital spécialisé Gérard-Marchant, qui accueille 350 patients souffrant de problèmes psychiatriques, a dû être évacué. Et bon nombre de malades ont été répartis dans plusieurs hôpitaux de la région. La destruction totale du centre spécialisé entraîne « un besoin de reconstitution des moyens de la psychiatrie publique en Haute-Garonne », estime le directeur de l'agence régionale de l'hospitalisation, Pierre Gauthier. Le scénario est le même pour l'institut médico-éducatif André-Bousquairol, qui a subi d'énormes dégâts matériels, et dont les enfants ont été placés dans d'autres centres.
A la mairie, trois numéros d'appel (1) et une écoute avec des professionnels ont été mis en place quelques heures après l'explosion. Depuis, plusieurs psychologues se relaient au téléphone ou consultent sur place ou dans les huit cellules de soutien improvisées dans les quartiers. Cinq centres médico-sociaux (CMS) du conseil général de la Haute-Garonne (2) ont été touchés par la déflagration et deux d'entre eux sont hors d'usage. Des Algéco ont été installés pour continuer l'accueil et deux centres sont restés ouverts durant le week-end dans les quartiers les plus atteints. Rapidement, les personnels (assistants sociaux, éducateurs, puéricultrices, médecins, psychologues) se sont mobilisés pour se mettre à la disposition des cellules de crise. « Des psychologues ont reçu les personnes et les ont écoutées à la mairie et dans d'autres lieux de Toulouse à la demande de la cellule de soutien psychologique de l'hôpital de Purpan », explique-t-on à la direction de la solidarité du conseil général. Ils sont également intervenus dans les deux centres d'hébergement pour les personnes privées de domicile. A la suite de la déflagration, 400 logements HLM sont en effet inutilisables.
Depuis le début de la semaine, le conseil général a multiplié les points d'accueil sociaux permanents dans les centres médico-sociaux des quartiers touchés par le sinistre ainsi que les permanences d'accueil animées par des psychologues. Chaque centre propose une consultation de protection maternelle et infantile quotidienne.
Dans ces quartiers du Sud, les équipes des centres médico-sociaux ont aussi commencé à se rendre au domicile des personnes âgées, handicapées et souffrant de troubles psychiques. Un quadrillage systématique des immeubles les plus endommagés est également effectué par des équipes d'assistants sociaux et de médecins. Le besoin d'écoute des personnes est immense, indique-t-on à la direction de la solidarité. Et le fait que les personnes qui vivaient déjà dans des conditions difficiles sont les premières touchées par la catastrophe entraîne un profond désarroi et un découragement chez les travailleurs sociaux. Dans les quartiers et dans les écoles, les personnes ont subi un véritable traumatisme. « Elles dorment mal et ont l'appétit perturbé », raconte Jenny Antoine, psychologue bénévole à la cellule de l'hôpital de Purpan. Comme de nombreux établissements scolaires sont toujours fermés, les clubs de prévention sont à la recherche de fonds pour sortir les jeunes des quartiers et leur proposer des activités.
Un dispositif réunissant l'Etat, le département, la mairie, la région, les associations caritatives, la CAF et Total- Fina coordonne les modalités de versement des secours d'urgence. Au 25 septembre, le cumul des fonds s'établissait à 52 millions de francs (3). L'ensemble des partenaires sont convenus d'une gestion conjointe. Selon le dispositif annoncé le 25 septembre par la préfecture, 16 points d'accueil et un formulaire unique de demande doivent permettre aux victimes de faire connaître leurs besoins. Ces secours visent en priorité à aider les personnes dont le logement a subi de graves dégâts et qui doivent se reloger à faire face aux besoins de première nécessité. Un barème unique a été arrêté : 2 000 F pour une personne isolée ; 3 000 F pour un couple ou une personne isolée avec enfant et 500 F par enfant supplémentaire. Les versements doivent être effectués sous 24 heures.
Par ailleurs, Marie-Noëlle Lienemann, secrétaire d'Etat au logement, a annoncé que, pour l'hébergement d'urgence, l'Etat prendrait en charge les frais permettant de dédommager les bailleurs et les familles d'accueil. De même, l'Etat devrait étudier avec les organismes HLM les possibilités de relogement provisoire au sein du parc social et du parc privé. La secrétaire d'Etat au logement s'est également engagée à ce que des crédits soient débloqués en complément des indemnisations d'assurance pour la réparation des logements HLM. Enfin, des dispositifs dérogatoires d'aide pour les logements privés et une amélioration des conditions de prêt à taux zéro devraient être proposés.
F.P.
(1) 05 62 27 64 01 ; 05 62 27 64 02 ; 05 62 27 64 03 - Par ailleurs, une cellule de crise a été installée à la préfecture : 0811 000 631.
(2) Direction de la solidarité départementale : 31, rue de Metz - BP 7129 - 31 090 Toulouse cedex 9 - Tél. 05 34 33 39 00.
(3) Pour l'instant l'Etat a dégagé dix millions de francs, tout comme la mairie de Toulouse, le conseil régional et Total-Fina. Les financements du département et de la CAF ne sont pas encore connus. Des soutiens arrivent également d'autres conseils généraux.