La notion de parrainage rencontre un écho auprès du juge des enfants et de la citoyenne que je suis. Elle renvoie à des expériences de solidarité et d'entraide autour de l'enfant et de sa famille. Pour tout parent, il est important d'avoir des adultes de référence qui peuvent donner un coup de main à un moment donné, en cas de difficultés, même passagères. Il y a toujours eu des réseaux de solidarité autour des parents, mais ceux-ci fonctionnent moins bien aujourd'hui. C'est pourquoi un certain nombre d'associations tentent de mettre en lien des familles et des enfants demandeurs avec des adultes volontaires.
C'est vrai qu'on met beaucoup de choses derrière cette notion. Le sujet a été peu étudié de façon officielle. Aussi le groupe de travail va-t-il dresser un état des lieux des expériences existantes. Il y a des formes spontanées, comme les échanges mutuels : la maman qui a pris l'habitude de garder la fille de sa voisine chez elle. Et puis il y a des parrainages organisés par des associations. Sachant que certaines n'utilisent pas le mot. On trouve ainsi des pratiques très différentes qui ne sont pas exclusives les unes des autres.
Il ne s'agit surtout pas de substituer à l'action des professionnels celle de familles bénévoles. Le parrainage ne remplace pas le travail social, c'est autre chose. Il repose sur un engagement fondé sur le volontariat réciproque. Ce qui ne signifie pas faire n'importe quoi : il s'agit d'un bénévolat éclairé et soutenu par une association.
Le parrainage répond à des besoins auxquels les dispositifs institutionnels ne peuvent pas faire face. Il n'entre pas en concurrence avec eux. D'ailleurs, localement, certains services de l'aide sociale à l'enfance (ASE) et d'action éducative en milieu ouvert travaillent avec des associations de parrainage. Par exemple, lorsqu'un enfant est placé dans une institution qui relève de l'aide sociale à l'enfance et qu'il n'a plus de contact avec sa famille, il peut être important pour lui d'avoir un adulte référent qui ne soit pas un professionnel. De même, un enfant en famille d'accueil, qui voit peu ses parents, peut exprimer le désir d'être invité, une demande que l'équipe de l'ASE ne peut satisfaire. A certains moments, le parrainage peut aussi permettre d'éviter une mesure de placement : par exemple, lorsqu'une mère est hospitalisée. Il se situe à un niveau d'action totalement différent du travail social. Par contre, il pose une question sous-jacente.
Quelle reconnaissance et quel cadre donner au parrainage ?Pour le moment, les avis au sein du groupe de travail sont partagés. Néanmoins, une orientation semble se dégager sur le fait que s'il faut donner une forme au parrainage, il ne s'agit pas d'en faire un dispositif institutionnel de plus. Il convient au contraire de préserver sa richesse centrée sur le bénévolat, la relation affective, l'engagement et sur le lien qui existe entre les parents, l'enfant et la famille de parrainage. J'aborde ce groupe de travail sans a priori. Notre objectif c'est d'ouvrir un large débat pour savoir ce qui se fait, comment le parrainage est perçu et les difficultés qui émergent. Propos recueillis par Isabelle Sarazin
(1) Voir ASH n° 2215 du 18-05-01.
(2) Composé de représentants associatifs, de la justice et de l'action sociale.