Après que le Conseil national du sida a proposé clairement l'abandon de l'incrimination pénale de l'usage personnel de stupéfiants dans un cadre privé (1), Bernard Kouchner a déclaré « partager clairement ce sentiment ». Interrogé le 10 septembre, en marge d'une réunion sur la sécurité sanitaire, le ministre délégué à la Santé s'est appuyé sur l'avis de ces « gens sérieux », pour réaffirmer une opinion qu'il n'a jamais cachée : « Je demande depuis longtemps un débat à l'Assemblée nationale et je suis surpris de ne pas l'obtenir. L'examen du texte sur les droits des malades sera peut-être l'occasion d'aborder le sujet. »
Pour sa part, Marie Villez, présidente de l'Association nationale des inter- venants en toxicomanie (ANIT) (2), se réjouit de « ces prises de position courageuses. On ne peut pas poursuivre comme cela, avec une loi ridiculisée parce qu'inapplicable, et d'ailleurs inappliquée, ou seulement par bouffées et de façon très inégale sur le terrain. »
Pour elle, « il faut sortir d'un faux débat pour ou contre. L'arrêt des poursuites pénales contre les consommateurs ne peut pas être assimilé au laxisme ou à “l'abandon de notre jeunesse”. Il n'est d'ailleurs pas question d'une dépénalisation sèche. Il faut réfléchir à des mesures réalistes par rapport aux comportements réels. Nous devons construire d'autres formes de cadrage et d'interdits, inventer des règles adaptées, efficaces, applicables, et impulser en même temps un grand mouvement de prévention. La période électorale n'est sans doute pas favorable à une prise de décision en la matière, mais il faut souhaiter qu'elle permette de lancer un débat dépassionné, dans le public et parmi les politiques. »
(1) Voir ASH n° 2227 du 7-09-01.
(2) ANIT : 8, rue de l'Haye - 69230 Saint-Genis-Laval - Tél. 04 78 56 46 00.