A la fin 2000, 201 275 demandeurs d'emploi handicapés immédiatement disponibles étaient identifiés dans les fichiers de l'Agence nationale pour l'emploi (ANPE), soit 7 % du total des inscrits. « Compte tenu des problèmes de repérage » - la déclaration du handicap n'étant pas liée à l'inscription au chômage -, l'agence estime qu'ils étaient en réalité de 220 000 à 230 000, dans une étude fouillée, réalisée pour la première fois cette année (1).
Par rapport à l'ensemble des personnes inscrites à l'ANPE, les demandeurs d'emploi handicapés sont plus souvent des hommes (59 % contre 42 %). Ils ont une moyenne d'âge plus élevée (42 ans contre 36) et un niveau de formation et de qualification plus faible, ce qui rend « leur situation d'autant plus difficile » par rapport au marché de l'emploi.
Signes caractéristiques des « difficultés objectives » auxquelles sont confrontés les handicapés :leurs périodes de chômage sont plus longues et leurs réinscriptions plus fréquentes. Ainsi 47 % des demandeurs handicapés sont des chômeurs de longue durée (contre 36 % pour les autres publics) et même de très longue durée pour 27 % d'entre eux (contre 16%). Les plus touchés par ce phénomène sont les personnes ayant un handicap lourd et les titulaires d'une pension d'invalidité.
Les personnes handicapées ont-elles au moins bénéficié du recul du chômage constaté depuis 1998 ? Oui, estime l'agence, « mais plus tardivement que les autres publics ». Le retournement de tendance n'intervient qu'en 1999 pour les handicapés cherchant un emploi à plein temps (catégorie 1) et en 2000 pour l'ensemble des personnes handicapées immédiatement disponibles, qu'elles cherchent un emploi à plein temps, à temps partiel ou temporaire (catégories 1,2 et 3). Ce recul est aussi moins accentué : - 8,1 % en 2000 pour les demandeurs handicapés de catégorie 1, contre -16,7 % pour les autres publics de même catégorie.
L'année 2000 a vu à la fois une augmentation des flux d'inscription de demandeurs handicapés à l'agence (+5,5 % sur un an) et des flux de sortie (+12,1 %). L'amélioration générale des chiffres du chômage a pu créer de l'espoir chez ceux qui n'en avaient plus et les pousser à se réinscrire à l'ANPE. Côté sorties, on relève une mobilisation relativement importante des mesures d'accompagnement et des contrats aidés et une progression des entrées en stage et des arrêts de recherche, ce qui relativise encore le nombre de sorties vers l'emploi traditionnel (2).
Au total, le « portrait statistique » dressé par l'ANPE décrit « une situation particulièrement difficile pour les demandeurs d'emploi handicapés », pour lesquels « les sorties du chômage sont à la fois plus tardives et plus précaires ». Ce qui ne laisse pas d'inquiéter si le chômage devait de nouveau progresser, comme c'est le cas depuis mai.
(1) Les Essentiels - Juin 2001 - Direction des études et statistiques de l'ANPE - 4, rue Galilée - 93198 Noisy-le-Grand - Tél. 01 49 31 75 24.
(2) Voir ce numéro.