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10 000 enfants handicapés encore privés de rentrée ?

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Les orientations annoncées en juillet par Ségolène Royal visant à améliorer l'accueil des enfants handicapés à l'école, et encore rappelées dans une lettre aux recteurs le 27 août, ont été globalement bien reçues par les associations (1). C'est aussi le cas de la Fédération des Associations pour adultes et jeunes handicapés (APAJH), qui se réjouit notamment « du devoir imparti à l'école d'accueillir et de scolariser les enfants handicapés ». Ou de l'Union nationale des associations de parents et amis de personnes handicapées mentales (Unapei), qui applaudit aux efforts de création des 1 000 postes d'auxiliaires de vie scolaire, tout en demandant « une politique plus volontariste » pour leur pérennisation et leur généralisation. De même l'Association des paralysés de France approuve les orientations fixées et demande une meilleure formation des enseignants et chefs d'établissement, desquels beaucoup de décisions dépendent sur le terrain.

Pas de chiffres précis

Mais combien d'enfants resteront, cette année encore, « sans solution éducative »  ? Les associations déplorent que l'administration ne se soit toujours pas donné les moyens de comptabiliser ni les enfants handicapés accueillis en milieu scolaire ordinaire, ni ceux qui ne le sont pas. En se fondant sur les difficultés repérées localement, l'Unapei estime néanmoins que les enfants laissés pour compte seront « près de 10 000 ». « Au moins 10 000 », juge pour sa part l'Association des communautés éducatives (ANCE) dans le dernier numéro de sa revue (2). Et cela, sans compter les enfants reçus une ou deux demi-journées par semaine à l'école et qui sont parfois comptabilisés comme « intégrés », précise Jean-Max de Lamare, président de l'Union régionale des associations de parents et amis de personnes handicapées mentales pour l'Ile-de-France (3), région particulièrement sous-équipée en établissements spécialisés et qui totalise à elle seule « sans doute 1 500 enfants sur le carreau, alors que 2 000 sont déjà exilés dans d'autres régions ou en Belgique, faute de solutions locales ». « A la non-scolarisation s'ajoute aussi la déscolarisation », renchérit l'ANCE, qui cite les enfants dont les parents ont refusé l'orientation proposée par les commissions départementales de l'éducation spéciale, les enfants en milieu hospitalier non scolarisés, et ceux « relevant du ministère de la Justice et affectés par les problèmes de liaison entre ministères ».

Jean-Max de Lamare déplore également « l'originalité peu enviable de notre système qui, contrairement à ce qui se passe chez nos voisins européens, ne place pas les établissements spécialisés dans le giron de l'Education nationale ». Certes, les directions départementales des affaires sanitaires et sociales et les services académiques sont appelés à collaborer, « mais ils n'ont pas de culture commune, ni l'habitude de travailler ensemble », et parfois manquent aussi de moyens. « Alors certaines inspections académiques consentent des efforts pour les handicapés moteurs et sensoriels mais continuent de penser que les enfants handicapés mentaux n'ont pas leur place à l'école. »

Pourtant « les limites à la scolarisation qu'imposent les handicaps ne sont pas immuables », constate l'ANCE, qui souhaite voir prises en compte « toute la complexité et toute la diversité des situations rencontrées ». De même, l'Unapei rappelle « la nécessité de moderniser et d'assouplir les systèmes d'évaluation du handicap, afin de mieux mesurer les potentiels de chaque enfant et lui permettre de disposer d'un mode de scolarisation évolutif ».

Créer des places

Reste qu'il faut aussi accélérer le programme de création de places en établissements spécialisés pour les enfants les plus lourdement handicapés, comme le demandent l'APAJH et l'Unapei. « Compte tenu de la lenteur d'affectation des crédits », il apparaît au contraire que le plan annoncé par le Premier ministre en janvier 2000 (4) sur trois ans « prendra cinq ou six ans », déplore l'ANCE, qui dénonce également, comme l'Unapei, « la carence en dotation d'enseignants et plus encore le déficit en enseignants spécialisés ».

M.-J.M.

Notes

(1)  Voir ASH n° 2225 du 24-08-01.

(2)  Mouv'ance n° 97 - ANCE : 145, boulevard de Magenta - 75010 Paris - Tél. 01 44 63 51 15.

(3)  Urapei Ile-de-France : 29, rue Edmond-Dubuis - 92000 Nanterre - Tél. 01 47 25 25 12.

(4)  Voir ASH n° 2151 du 28-01-00.

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