Chaque collectivité territoriale devra définir les nouveaux rythmes de travail, mais à « moyens constants », alors qu'un recrutement au prorata des réductions d'heures coûterait de 8 à 10 % de la masse salariale. Comment procéder dans des établissements qui fonctionnent 365 jours par an et 24 heures sur 24 ? Certes, nous pourrons toujours faire des efforts d'organisation, mais il ne faudrait pas que ce soit au détriment des moments trop brefs de passage de consigne ou d'échanges en équipe pour débattre d'un projet de vie. Déjà, nous sommes souvent en sous-effectif, à la limite en matière de sécurité (avec une seule personne la nuit dans la plupart des établissements) ou de « bientraitance ». Si on rationalise pour gagner du temps, au lieu d'aider une personne âgée à se déplacer à son rythme, on prend le fauteuil roulant ; plutôt que de l'accompagner aux toilettes, on lui pose un change complet. Parallèlement, on nous demande d'améliorer la qualité du service rendu aux résidents ! Nous sommes en pleine incohérence.
Certaines tiennent à des données générales, comme l'accueil de personnes de plus en plus dépendantes (conséquence directe de la politique de maintien à domicile). Il est aussi difficile de recruter des jeunes diplômés dans un secteur sans beaucoup de moyens, où l'on est en permanence confronté à la vieillesse dégradée et à la mort. C'est usant. D'autres problèmes sont liés au statut territorial. Pour entrer dans nos établissements, le diplôme d'Etat ne suffit pas ! Infirmières, aides-soignantes, aides médico-psychologiques doivent passer un concours sur épreuves... pour des postes moins bien payés que dans les secteurs hospitalier ou associatif. Pour les directeurs, il n'y a pas de cadre d'emploi. Certains sont encore classés en catégorie B ou C. Ceux qui ont suivi une formation ne la voient pas reconnue. La plupart de nos établissements sont implantés en zone rurale, dans des communes qui n'ont pas les moyens de leur politique.
Dans le cadre de la réforme de la tarification, nous devons préparer la signature d'une convention pluriannuelle tripartite, engageant une démarche de qualité. Nous devons réussir le passage à l'euro et y préparer nos résidents. La création de l'allocation personnalisée d'autonomie (APA) va nous donner beaucoup de travail car, dans la plupart des cas, ce sont les directeurs qui devront aider aux démarches administratives. C'est beaucoup en même temps ! Beaucoup trop.
Nos budgets prévisionnels 2002 doivent être remis aux autorités compétentes début octobre. Comment faire sans réponse du ministère à nos questions, notamment sur les 35 heures ? Va-t-on augmenter brutalement les tarifs demandés aux résidents ou à leur famille ? Réduire la qualité du service rendu ? Nous nous y refusons. Mais comment nous faire entendre, de l'Etat, des départements - qui fixent les tarifs d'hébergement -, de nos élus, de la fonction publique territoriale en général, isolés que nous sommes, chacun dans sa collectivité ? Il faudrait que les usagers ou leurs familles puissent aussi prendre la parole ! Propos recueillis par Marie-Jo Maerel
(1) Fnadepa : 60, rue Grignan - 13001 Marseille - Tél. 04 91 54 16 60.
(2) Voir ASH n° 2225 du 24-08-01.