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Voyage en protection de l'enfance

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Fruit de dix ans de recherche, de rencontres et de visites, l'ouvrage d'Alain Grevot, directeur d'un service associatif de protection judiciaire des mineurs dans l'Oise, devrait vite faire référence. Il permet en effet de mieux connaître huit dispositifs européens de protection des mineurs - français, anglais, écossais, allemand, belge francophone, belge flamand, hollandais et italien -identifiant et décrivant les principaux acteurs, le « paysage dans lequel ils opèrent » et les « chemins qu'ils peuvent suivre ». L'essentiel, cependant, réside dans l'éclairage décapant que la mise en perspective comparative apporte sur le système français, « en rendant soudain visible ce qui ne l'était pas, [...] en autorisant la mise en cause d'habitudes culturelles dont nous n'interrogeons plus les fondements ». Par exemple, le juge des enfants français semble, aux yeux des étrangers, un « personnage fascinant et déroutant », porteur à la fois d'un discours juridique et éducatif, et disposant d'un vaste espace d'interprétation des textes sur l'assistance éducative. Insolite, donc, et omniprésent...

L'auteur pointe ainsi la « primauté accordée à la réponse judiciaire » qui « traduit des faiblesses structurelles du champ préventif et administratif : manque de progressivité des réponses, carences en dialogue et en négociation ». « Paradoxale » situation que celle de la France, « dont les textes juridiques comme les discours professionnels donnent tant d'importance [...] à la dimension symbolique de l'autorité parentale » mais où « les travailleurs sociaux semblent le moins se mobiliser pour entrer en contact avec la famille et négocier avec elle sans recours à la justice et apparaissent les moins convaincus que, pour peu qu'on l'aide à reprendre confiance en elle, [elle] peut constituer, sans l'injonction du juge, un lieu de protection pour l'enfant ». Il est vrai que les exemples belge et allemand montrent, par contraste, combien le système français peine à considérer les parents et les enfants comme des usagers actifs et n'est pas exempt de paternalisme... Ils révèlent aussi que les départements français sont finalement en retrait dans leur engagement dans les actions de protection de l'enfance. Non du point de vue financier, la décentralisation n'ayant entraîné, malgré les craintes initiales, aucun recul en la matière. « Mais peu de conseils généraux sont allés au-delà d'une bonne gestion de l'héritage », remarque Alain Grevot, et l'élaboration et l'évaluation d'orientations affirmées sont restées en jachère. D'où un « réel décalage entre l'ambition initiale du législateur- rapprocher le décideur de l'usager, ancrer les interventions en direction des familles et des mineurs en difficulté au plus près de la société civile [...] - et ce que l'on peut constater par le biais de l'approche comparative ».

L'herbe serait-elle donc toujours plus verte chez le voisin ? L'auteur, c'est heureux, se garde bien de tomber dans le piège. Il livre en revanche, avec ce « voyage », un efficace stimulant pour l'esprit critique.

C.G. Voyage en protection de l'enfance. Une comparaison européenne - Alain Grevot - Editions du CNFE-PJJ : 54, rue de Garches - 92420 Vaucresson -Tél. 01 47 95 98 98 - 60 F (9,15 € ) + 25 F (3,81 € ) de port.

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