« Des vécus difficiles, souvent douloureux », des « déceptions cruelles » pour certains, mais aussi un « tableau très contrasté » avec une somme « d'histoires individuelles uniques ». Tel est le bilan dressé par une étude sur les jeunes primo-arrivants (c'est-à-dire venus en France depuis moins de deux ans) de 14 à 24 ans. Commandée par la direction de la population et des migrations du ministère de l'Emploi et de la Solidarité, elle a été réalisée par deux équipes de recherche de Nancy 2 avec l'association Inter Service Migrants-Est et coordonnée par Anne Flye-Sainte-Marie (1). Avec un grand mérite, celui de se conclure sur des propositions très concrètes.
Première piste : l'amélioration des procédures préalables au regroupement familial, dont la durée devrait être raccourcie et surtout annoncée à l'avance pour permettre une meilleure organisation matérielle. Essentiellement administratives aujourd'hui, ces procédures devraient inclure un accompagnement des demandeurs.
L'intégration scolaire des jeunes migrants pourrait aussi être renforcée, soulignent les chercheurs. A l'arrivée, le niveau de chaque jeune serait mieux appréhendé s'il était évalué dans la langue d'origine. Les « classes d'accueil » en collège constituent un « dispositif pertinent », mais elles doivent être plus nombreuses et créées aussi dans les lycées. En outre, l'orientation à la sortie de ces classes doit tenir compte des difficultés en français écrit des élèves. Autre recommandation : une organisation de l'enseignement du français langue étrangère dans chaque département, avec des enseignants formés à cette discipline. Pour les arrivants de plus de 16 ans non scolarisés, une formation au français devrait être rendue obligatoire et facilitée par une possibilité de versement d'allocations de formation.
Enfin, la nécessaire coordination interministérielle des responsables institutionnels et des acteurs de terrain gagnerait à la relance des plans départementaux d'accueil (trop souvent inexistants) avec un fonctionnement effectif de comités départementaux d'accueil.
Même si la population concernée est numériquement faible (3 760 jeunes en 1998, mais avec un doublement en deux ans), ces améliorations « méritent d'être engagées », car les intéressés ont « envie de réussir » et leur intégration représente un investissement qui ne peut être que socialement rentable.
(1) « Les jeunes primo-arrivants âgés de quinze ans et plus » - Doc Info n° 139 - DPM : BP 555 - 10-16, rue Brancion - 75725 Paris cedex 15 - Tél. 01 40 56 41 48.