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Comment articuler couvre-feu et éducation ?

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La polémique continue après l'arrêt du Conseil d'Etat du 9 juillet validant l'arrêté municipal du maire d'Orléans, Serge Grouard  (RPR), interdisant aux enfants de moins de 13 ans de circuler seuls la nuit dans trois quartiers sensibles de la ville (1). Au service départemental de prévention spécialisée, qui intervient sur ces lieux, on s'interroge sur les moyens d'articuler cette mesure avec l'action éducative. Rencontre avec Jean-Michel Delaveau, directeur général de l'Aidaphi (2).
Comment réagissez-vous au couvre-feu du maire ?

Cet arrêté municipal est une décision politique qui s'impose à nous. En soi, le fait de dire que des jeunes de moins de 13 ans ne doivent pas circuler seuls, de 23 heures à 6 heures du matin (3), nous paraît évident. Mais, plus que l'interdiction d'aller et venir, ce qui est visé c'est le problème de l'autorité parentale. Il y a un intérêt marqué aujour-d'hui dans l'action sociale pour les droits des usagers. Qui dit droits dit aussi devoirs...

Mais est-ce le bon moyen pour responsabiliser les parents ?

Un simple arrêté ne va, évidemment, rien changer ; il est surtout symbolique. Les élus ont souhaité en arrivant poser une règle qui limite la circulation des enfants, mais rappelle aussi aux parents leurs responsabilités. Il faut prendre cette interdiction comme la partie émergée d'un ensemble de mesures. Car le véritable enjeu, c'est de savoir quel type de prévention on veut mettre en œuvre ? Le maire a fait des annonces comme l'embauche de correspondants de nuit. Cela paraît aller dans le bon sens. Mais la nouvelle équipe n'est en place que depuis le 18 mars et il est trop tôt pour porter un jugement sur son action. Les problèmes urbains, la politique de la ville étaient une priorité de l'ancienne municipalité. La nouvelle équipe semble en faire aussi un axe de travail. Nous verrons bien.

Cet arrêté ne risque-t-il pas de stigmatiser un peu plus les trois quartiers sensibles d'Orléans ?

C'est vrai que, sur ce point, cette mesure est en recul par rapport à ce que nous étions en train de faire depuis quelques années. Nous étions plutôt revenus des politiques de zonage et de discrimination positive. Et des projets locaux visant la transversalité et accessibles à l'ensemble des habitants de l'agglomération commençaient à voir le jour. En même temps, c'est bien parce que l'arrêté cible des quartiers sensibles qu'il a été validé par le Conseil d'Etat.

Justement, la réalité de ces quartiers justifie-t-elle une telle interdiction ?

Les trois quartiers visés sont considérés comme les plus « sensibles » de la commune d'Orléans et ont été qualifiés comme tels par le contrat local de sécurité. Maintenant, il est difficile d'affirmer qu'il y a un accroissement de la délinquance juvénile dans ces territoires. Qu'il y ait des flambées de violence occasionnelles, c'est évident. Mais tout le problème est de savoir si les statistiques ne traduisent pas davantage une augmentation de la présence policière et des plaintes enregistrées. En tout cas, pour nous, acteurs de terrain, il n'y a pas de problème spécifique aux moins de 13 ans. Il y a beaucoup plus d'adolescents dont les difficultés sont telles qu'elles les amènent à commettre des actes d'incivilité ou de délinquance.

Comment abordez-vous cet arrêté avec les habitants ?

Nous disons aux jeunes, est-ce que vous trouvez normal qu'un enfant de moins de 13 ans circule à une heure tardive seul dans les rues ? Nous souhaitons mettre l'accent sur l'aspect préventif de l'arrêté, sur lequel d'ailleurs s'est fondé le Conseil d'Etat pour le valider. C'est à cette condition que nous pouvons l'articuler avec nos actions éducatives. Nous disons donc que le maire a voulu rappeler une évidence. Toute la question, maintenant, est de savoir comment, tous ensemble, nous permettons aux parents en difficulté de garder leur enfant chez eux. Et comment nous aidons les plus grands à ne pas entraîner les plus jeunes dans la délinquance. Propos recueillis par Isabelle Sarazin

Notes

(1)  Voir ASH n° 2223 du 13-07-01.

(2)  L'Association interdépartementale pour le développement des actions en faveur des personnes handicapées et inadaptées (Aidaphi) gère notamment le service départemental de prévention spécialisée : 58 bis, boulevard de Châteaudun - 45000 Orléans - Tél. 02 38 24 14 40.

(3)  Pour la période fixée du 15 juin au 15 septembre.

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