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Des couvre-feux pour pallier l'absence de mesures d'accompagnement

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Suivant leur collègue d'Orléans (Loiret), d'autres maires (RPR) comme ceux d'Etampes (Essonne)   (1), de Cannes (Alpes-Maritime) ont pris des arrêtés instaurant un couvre-feu pour les mineurs, la nuit. A Colombes (Hauts-de-Seine), Nicole Goueta (RPF) a rendu publique, le 12 juillet, une mesure similaire applicable à certains quartiers sensibles de la ville, s'engouffrant, elle aussi, dans la voie ouverte par l'arrêt du Conseil d'Etat du 9 juillet (2).

Au-delà des querelles politiques suscitées à quelques mois des échéances électorales, cette mesure est surtout jugée « inefficace » par les acteurs de terrain (3). « Ce n'est pas en demandant aux forces de police, qui ont autre chose à faire, de récupérer ces gamins, d'essayer de vérifier leur identité et de les ramener chez eux qu'on résout le problème », a estimé ainsi, Patrice Blanc, secrétaire général de la défenseure des droits de l'Enfant. « Il ne suffit pas de ramener des enfants chez leurs parents », s'insurge également l'Union nationale des associations familiales (4). «  Mais il convient que soient recherchés les moyens d'examiner avec les parents comment ils peuvent exercer pleinement et dans l'intérêt de leur enfant, leur autorité parentale et de mettre en œuvre, ainsi que la loi le permet, des mesures éducatives et familiales pour que ces familles redeviennent responsables. »

Cette nouvelle vague de couvre-feux montre bien, trois ans après Dreux, qu'on «  n'a pas progressé d'un pouce dans la perception et la gestion publique de la solitude, de l'isolement et de la relégation de bon nombre d'enfants des villes  », constate, amer, Laurent Ott, éducateur et enseignant (5). « On voit bien qu'en l'absence de tout projet éducatif public, ce genre de réglementation ne peut compter pour s'imposer un peu partout que sur la lassitude des acteurs éducatifs et sociaux, fatigués de voir revenir sans arrêt ce qu'ils ont combattu hier. » Et pour celui-ci, «  le problème principal est moins la présence des enfants dans les rues, que le fait qu'ils n'y trouvent pas les structures éducatives de proximité durables et bien dotées dont ils auraient besoin ».

Un avis que partage François Chobeaux, directeur des politiques sociales aux CEMEA (6). Lequel dénonce le simplisme et la démagogie de ces mesures sécuritaires en lieu et place de réponses sur le fond, « complexes et difficiles »  : structuration des actions de contact et de soutien des parents, renforcement des moyens des dispositifs spécialisés d'action sociale...

Notes

(1)  L'arrêté municipal d'Etampes qui vise l'ensemble de la commune a été suspendu le 17 juillet par le tribunal administratif de Versailles. Le maire a indiqué son intention de faire appel devant le Conseil d'Etat.

(2)  Voir ASH n° 2223 du 13-07-01 et les premières réactions.

(3)  Voir aussi les réactions à Orléans dans ce numéro.

(4)  UNAF : 28, place Saint-Georges - 75009 Paris - Tél. 01 49 95 36 00.

(5)  Laurent Ott : 28, rue des Marguerites - 91160 Longjumeau - Tél. 06 03 01 15 43.

(6)  CEMEA : 24, rue Marc-Seguin - 75 018 Paris - Tél. 06 08 90 86 36.

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