La Fédération nationale des associations d'accueil et de réinsertion sociale (FNARS) faisait part, la semaine dernière, de sa déception vis-à-vis du décret sur les centres d'hébergement et de réinsertion sociale (CHRS) (1). L'association colmarienne Espoir (2) va plus loin. « Nous sommes outrés », écrit Bernard Rodenstein, son président, dans une lettre adressée à Elisabeth Guigou le 10 juillet, insistant particulièrement sur les dispositions encadrant la pratique du pécule. Les usagers des CHRS pourront, rappelons-le, percevoir entre 30 % et 80 % du SMIC horaire, dans la limite de 80 heures par mois. « La rémunération retenue est totalement dérisoire, tant par son montant que par la durée du dispositif », s'indigne le président d'Espoir, alors que les publics travaillant au sein du centre d'aide à la vie active de l'association avaient notamment, jusqu'ici, la possibilité d'être occupés jusqu'à 35 heures par semaine avec une rémunération mensuelle, pour cet horaire, de 6 500 F. « Nous sommes dans l'illégalité, avec tous les risques que cela comporte », constate Bernard Rodenstein. Ajoutant : « Le recours au droit commun étant impossible et l'application de l'article [concernant le pécule] l'étant tout autant, nous n'avons, si je comprends bien, plus qu'à fermer notre structure et à envoyer les accueillis à la rue. »
De son côté, Pierre Henry, directeur général de France terre d'asile (3), conteste « l'interprétation quelque peu rapide » donnée par la FNARS sur les centres d'accueil pour demandeurs d'asile et les centres provisoires d'hébergement. « Il n'y a pas de révolution dans l'admission », affirme-t-il. Si le texte reconnaît et officialise l'existence d'une commission nationale d'admission, il reste cependant à « arrêter les conditions de l'admission et les pouvoirs respectifs des uns et des autres. Le décret laisse ouvertes un certain nombre de possibilités, mais nous ne sommes pas dans la configuration d'un CHRS classique où le directeur de l'établissement décide de l'admission ». Ce qu'il estime justifié : « Il est nécessaire de répartir les flux de ces primo-arrivants, sans quoi, il faudrait créer 10 000 places de CHRS en région parisienne... Mais il faut articuler solidarité nationale et proximité. »
(1) Voir ASH n° 2222 du 6-07-01, et le rectificatif ci-dessous.
(2) Espoir : 78 a, avenue de la République - BP 148 - 68003 Colmar cedex - Tél. 03 89 41 50 93.
(3) France terre d'asile : 25, rue Ganneron - 75018 Paris - Tél. 01 53 04 39 99.